Les vampires, les zombies, tout ça, c’est à la mode, et il ne faut s’étonner de les voir débarquer dans nos médias préférés. Shi Ki est à l’origine une série de romans de Fuyumi Ono, transposés pour l’occasion par Ryu Fujisaki. Mais si, vous le connaissez, c’est déjà lui qui avait repris un classique de la littérature chinoise, l’Investiture des Dieux, pour écrire l’excellent Hoshin.
L’adaptation en manga n’a traditionnellement pas bonne presse, sauf qu’ici, la simple présence de Ryu Fujisaki suffit à donner une identité au titre. Lui n’est pas un tâcheron sans personnalité, et possède un dessin reconnaissable entre mille. Le fait que les romans d’origine se déroulent à notre époque lui donne probablement moins de liberté que dans l’étonnant Hoshin, mais il arrive tout-de-même à insuffler sa patte. Grâce à son style inimitable, la multiplication des personnages – car ils sont nombreux dans Shi Ki – ne lui pose aucun problème : il n’y en a pas deux qui se ressemblent.
Shi Ki est une histoire qui fait peur, ou du moins qui essaye. Et, pas de doute, sur ce terrain, ce manga se défend. Quoique, c’est surtout un titre oppressant, dans la mesure où il sait gérer parfaitement son sens du drame et de la surprise. A la différence des manga, les romans peuvent difficilement se permettre de proposer à leurs lecteurs une trame négligée, du moins s’ils espèrent rencontrer le succès ; là, l’adaptation indique que les livres ont bien fonctionné, donc qu’ils ne sont pas trop mal écrits. Et effectivement, c’est sur son intrigue, sa progression, et les sentiments d’horreur qu’elle suscite que repose l’histoire de Shi Ki. A chaque instant, nous nous demandons qui sera la prochaine victime et comment tout ce petit monde va réussir à se sortir de la situation impitoyable dans laquelle ils se trouvent. Frissons garantis.
Tout se déroule d’un petit village japonais presque coupé du monde, dans les montagnes, avec une autre particularité indispensable que le lecteur va rapidement découvrir. Outre les habitants lambda, le lecteur suivra plusieurs personnages principaux tous parfaitement caractérisés, certains attachants et d’autres détestables. Néanmoins, malgré son intrigue, Shi Ki n’est en aucun cas un manga manichéen ; à ce titre, la fin réserve son lot de surprises et de réactions extrêmes, laissant une forte impression.
L’ultime avantage de l’adaptation d’une histoire déjà écrite, ici fidèlement respectée par le mangaka, c’est qu’elle possède déjà une fin. Il n’y a donc pas à rallonger le scénario à outrance, ce manga fait tout simplement le bon nombre de volumes sans qu’aucun ne semble superflu ; 11 tomes, ce n’est pas excessif mais suffisant pour développer une intrigue haletante avec ses rebondissements.
Shi Ki pourrait devenir une référence en matière de manga fantastique / horreur. Le dessin, atypique, pourra surprendre au premier abord, mais permet de bien différencier les nombreux protagonistes. Surtout, ce titre repose sur histoire passionnante, et offre au lecteur une des fins les plus stupéfiantes qu’il m’ait été donné de voir dans un manga.