Un très beau roman graphique qui nous plonge dans la vie d’une étudiante précaire, Raphaëlle, seule à Paris et qui se tourne vers l’escorting pour s’en sortir. Un récit très juste quant aux possibilités offertes à de jeunes femmes pour répondre aux plaisirs de vieux hommes, dans des moments précaires de la vie, mais pas uniquement.
Le dessin contraste énormément avec le propos. D’un côté, j’ai trouvé l’opposition intéressante, et de l’autre cela rend également le rendu très « lisse » .
La facilité d’entrer dans ce monde y est bien dépeinte, tout comme la tendance à en minimiser les dangers. En revanche, la difficulté d’en sortir, surtout dans un monde où Internet n’oublie rien, n’est pas assez appuyée selon moi, malgré la fin qui nous montre qu’elles n’en sont pas totalement sorties. Leur vie s’est construite, plus ou moins en partie, sur cela.
Mais on ressent que le projet n’est pas de nous dégoûter ou de juger les choix des deux jeunes femmes que l’on suit, mais plutôt de comprendre ce qui les pousse à vendre leur corps dans une société qui, finalement, nous façonne à être un produit de désir pour l’œil masculin. C’est, je trouve, l’aspect le plus réussi : nous raconter l’histoire de jeunes filles et amener à réfléchir sur d’autres enjeux, sans pour autant adopter un propos moralisateur.
Il m’a malheureusement manqué quelque chose pour atteindre le coup de cœur. Peut-être que, moi-même, j’attendais quelque chose de plus impliqué, ce qui entre totalement en contradiction avec ce que j’ai apprécié dans l’œuvre (au point où je publie cette critique pour la seconde fois). Hâte de voir les prochains projets de l’autrice