Surréalisme et Misenabisme
Rien ne va plus sur les lettres de l'Atlantique depuis que Barthélémy est rapassé par une ancienne porte (on ne passe jamais deux fois par la même porte c'est bien connu). Philémon se retrouve au beau milieu de ce chaos afin de récupérer son vieil ami puisatier.
La critique de Fred est moins cinglante dans cet abum. On pourrait néanmoins y entrevoir une allusion plus philosophique sur ce qui fait tourner notre univers, entité suprême à remettre en question. Dans le cadre de cette série, c'est Simbbabad qui semble être l'Un, celui par qui tout est, rien n'est. Comble d comble, c'est un chien. Enfin non pas un chien... avez vous déjà vu un chien qui fume le cigare?
L'histoire est assez simple: sauver Barthélémy. Une fois de plus, Fred se restreint dans le nombre d'intervention du surréalisme, préférant ainsi exploiter au maximum une situation ou un élément. C'est plutôt bien rythmé mais l'histoire paraît courte. La fin , et donc la solution, est plutôt bien amenée, empêchant ainsi le lecteur de clamer trop haut qu'il s'agit d'un deus ex machina. Fred tente de s'effacer derrière son récit, de ne plus être celui qui tire de façon évidente, les cordes du scénario.C'est au travers de cet album que j'ai remarqué que les doubles pages dont je suis friand servent avant tout à rallonger le récit (je ne l'avais pas remarqué jusqu'ici mais ces planches ne sont pas numérotées... comme si elles n'existaient pas, ironiquement).
Dans cet album, c'est la seconde histoire qui m'a le plus amusé. Fred s'y joue du médium comme jamais, démolissant le concept de case pour mieux le reconstruire. L'auteur a bien compris qu'il ne pourrait jamais expérimenter autant dans un long récit, il en profite alors dans les courts... et y va à fond! Ainsi, l'histoire principale n'est pas dénuée d'intérêt ni d'expérimentation, mais c'est dans l'histoire secondaire que le lecteur jubilera le plus.
Graphiquement, je ne fais que me répéter: Fred gère de mieux en mieux son dessin. Tantôt son trait est grossier, tantôt hyper précis et détaillé; les deux styles se chevauchent admirablement et vivent dans une harmonie parfaitement maîtrisée. Certains cadrages tout de même m'ont paru assez fades, voire naïfs (enfin dans la première histoire, entendons nous bien).
Bref, ce sixième album des aventures de Philémon vaut surtout pour sa seconde histoire nettement plus intéressante que la première à tous points de vue.L'album reste néanmoins une merveille à découvrir surtout pour ceux qui aiment rêvasser en pleine journée.