Ce tome a un peu la saveur d'un relaunch 'à la Marvel'. Toutes les histoires précédentes restent valables, le scénariste continue son run, mais il change drastiquement le statu-quo et fait un premier tome parfaite porte d'entrée pour les lecteurs.
J'avais découvert le Spider-Man de Slott de cette façon sur Superior SM. Avec Geoff Johns, j'ai par contre lu tout ce qu'il y avait avant (sauf Rebirth non publié par Urban) et je saisis vraiment bien la situation dans son ensemble.
Après une War of the Green Lanterns un peu bas du frond mais qui avait le mérite d'offrir un Sinistro au sommet, Johns capitalise sur ses points forts et oublie un peu les autres Green Lanterns. Il se concentre donc sur les deux personnages qu'il maîtrise le mieux, Sinistro et Hal Jordan, autrefois amis, aujourd'hui on ne sait plus trop quoi.
Paradoxalement, Jordan n'a jamais été le héros le plus sympathique. Bien que lumineux par essence, il ne dégage pas cette note d'espoir qui rejaillit d'un Superman, ou cette bienveillance que dégage un Flash ou un Spidey chez la concurrence. Jordan a un certain ego, une volonté d'être fort et intrépide, il aime voler vers le danger, agir impulsivement. Au niveau social, cet homme est une catastrophe, incapable de tenir ses promesses, d'être fiable, pensant plus souvent à lui-même qu'aux autres et ne se souciant pas des conséquences de ses actes. Et pourtant il s'agit d'un héros, d'un vrai, qui n'hésitera pas à tout abandonner pour sauver une vie en péril. Cette caractérisation, le scénariste l'avait peaufiné dans les 5 premiers tomes de la collection "Geoff Johns présente Green Lantern". Il réussit l'exploit de la synthétiser en seulement 6 épisodes d'une bien belle manière.
De son côté, Sinistro se voit comme un héros, mais agit plus souvent comme un tyran. Il a le charisme d'un chef auprès d'une armée mais est incapable du moindre dialogue avec son peuple. Il sait toujours où aller et ce qu'il désire vraiment, et pourtant se fait balader entre les anneaux verts et jaune, comme deux faces de sa personnalité. Cette ambivalence habite le personnage, le rend passionnant, le rend dur comme l'acier au moment de se battre et d'affronter la mort, touchant quand il réfléchit à ce que représente Jordan pour lui : l'ennemi qui lui a tout pris, un Green Lantern indigne de son pouvoir, et pourtant... ce qui fut son seul ami après la mort d'Abin Sur.
Venons en à l'histoire. Celle-ci se construit logiquement sur le cliff de War of the Green Lanterns. Hal Jordan banni du corps tandis que Sinistro se voit choisir par un anneau vert à la surprise générale. Le second est alors dans une position délicate, car présent dans un corps où tous le haïssent tandis que la rébellion éclate au sein du corps à son nom. Les Yellow Lantern se cherchent un successeur et celui qui ôtera la vie à Sinistro sera désigné. Ils prennent la planète de Korugar en otage. Notre héros... euh pardon Sinistro, décide de foncer dans le piège pour protéger son peuple mais emporte avec lui un Jordan qu'il dote pour l'occasion d'un anneau vert de sa création.
On a des bons moments sur Korugar, notamment entre la population sous le joug des yellow lantern et leur ancien tyran Sinistro. L'innocence d'un enfant qui remercie Sinistro à la fin de l'histoire, la haine de son ancienne lieutenante, un Hal Jordan prêt à se sacrifier pour la planète de sa némésis car c'est la seule chose juste à faire.
Du côté de Jordan, la relation avec Carole et sa quête de désintoxication de l'anneau sont également bien développées.
Pendant ce temps, les gardians pètent une nouvelle fois leur câble et s'apprêtent à lancer la troisième armée...
Ce n'est pas forcément la meilleur histoire de Geoff Johns sur Green Lantern, trop sommaire et classique pour cela peut-être. Mais loin des anodines péripéties humaines du début de run et des longues sagas cosmiques qui ont suivi, il s'agit à coup sûr d'un arc qui synthétise l'essence de ce run, d'un arc efficace et facile d'accès que je conseille à tout ceux qui veulent tenter du Green Lantern.