Singeries
6.9
Singeries

BD franco-belge de Denis Petit et Humphrey Vidal (2012)

Un ouvrage bien étonnant que celui-ci. Je ne vais pas m'étendre sur le fait que je connais le scénariste, j'en ai déjà parlé dans ma critique de son livre "Looping". Sachez juste que cela influence mon avis.

Singeries n'est pas n'importe quelle BD. Elle est éditée en partenariat du Muséum national d'histoire naturelle.
Et pour cause: c'est l'histoire darwinienne d'un érudit qui tente le suicide par la littérature!
Au lieu du résultat voulu, il devient "Homo littératus". Son nouveau nom: Franky Stein, mélange du monstre de Frankenstein et Einstein. Sa nouvelle nourriture: les pages des livres, qu'il dévore au sens figuré et littéral, puisqu'il assimile leurs informations.

On peut parler de nouveauté. Un one shot aussi étonnant dans l'univers de la BD que l'est son protagoniste dans l'histoire.

Iconoclaste, extra-lucide, adoré des médias, il va vite devenir un problème. Les puissances alliées du Capital, de la religion et de la science, tous dérangés par cet individu perturbateur, vont chercher à l'éliminer.

Tant de thèmes sont abordés: l'opposition singe-homme, vue sous un angle nouveau. Le puritanisme associé aux forces mondiales. La science bornée, qui s'auto limite. Le rapport entre le corps et la pensée... Lors du changement, on pourrait penser à "l'étranger" de Camus, ou surtout à "la métamorphose" de Kafka.

"Que m'était-il arrivé? Étais-je devenu singe où l'avais-je toujours été? Schizo, barjo, bonobo? Ou bien les mots avaient-ils réellement le pouvoir de nous transformer?"

Voilà les pensées du héros quand il se découvre dans le miroir. Et voilà le genre de phrase que vous pourrez trouver dans cette BD.

Tout cela est lié et rythmé par la trame, les scènes d'action venant distraire le lecteur entre chaque conversations.
On pourrait peut-être reprocher à l'auteur de ne pas assez approfondir, d'aborder trop de thèmes pour ne pas assez creuser et laisser le voyage inabouti.
Personnellement, je ne suis pas resté sur ma faim.

On peut apprécier aussi la recherche de Denis Petit en médecine et science du corps humain, qui font gagner de la crédibilité à son récit; ainsi que les citations diverses et les phrases mordantes qui montrent que, comme son personnage, lui aussi dévore les livres.

Le dessin, j'aime beaucoup. Il est soigné, régulier. Le bémol, à mon sens, c'est la couleur: j'ignore quel était le but en instaurant cette ambiance jaune-grise, qui ne m'a vraiment pas conquise. Zut!

Cette BD n'était pas sur SC, je l'ai ajoutée en wiki, en espérant qu'ainsi je la rendrais plus connue, comme je trouve qu'elle mériterait de l'être.

Dépaysement littéraire et BD innovante garantis!
Veather

Écrit par

Critique lue 533 fois

4

Du même critique

Interstellar
Veather
4

10 « bonnes » raisons relatives de ne pas aimer Interstellar.

Chers lecteurs, chères lectrices, Avant d'entamer cette liste aussi disgracieuse que désobligeante, je tiens à préciser que je n'ai rien contre Nolan, au contraire. Avant de m'envoyer des menaces de...

le 15 nov. 2014

202 j'aime

129

The Grand Budapest Hotel
Veather
9

Read My Mind #2 : The Grand Budapest Hotel

Ami lecteur, amie lectrice, bienvenue dans ce deuxième épisode de RMM (ouais, t'as vu, je le mets en initiales, comme si c'était évident, comme si c'était culte, alors qu'en vrai... Tout le monde...

le 8 sept. 2014

175 j'aime

51

Vikings
Veather
6

12 "bonnes" raisons d'aimer Lagertha. Euuuh, Vikings.

Avis porté sur les deux premières saisons parues en date. 1. On a pris la semi-légende de Ragnar Lothbrok, tous les éléments qu'on peut assembler sur ce qu'on devine des vikings, et tout ce qu'on...

le 29 juil. 2014

169 j'aime

62