J'ai failli aimer
Deux problèmes majeurs selon moi : les meurtres qui rendent le propos un peu 'gamin' ; car l'auteur commence par nous décrire les mœurs des jeunes et puis esquivent l'approfondissement pour nous confronter à une tuerie facile et au discours plus primaire ; les trop nombreuses références pour ne pas dire plagiats, car l'auteur aime clairement les petits films indé américains genre "The Myth of the American Sleepover" ou français genre "Simon Werner a disparu". On peut également reprocher le changement de point de vue qui fait plus penser à un effet de style qu'à une initiative dramaturgique réfléchie et profonde.
Pour le reste, ça passe, les personnages sont intéressants, les situations aussi (dommage que ce ne soit jamais assez développé), on a droit à quelques bons conflits et quelques bonnes résolutions. Le côté social du début est intéressant, l'auteur décrit très bien cette jeunesse avec quelques répliques clichés mais adéquates.
Alors qu'il s'agit d'un des premier album de l'auteur, je préfère son dessin ici que dans "le patient" et "ces jours qui disparaissent", et ce parce que l'influence manga se fait moins ressentir mais aussi parce que le dessin est plus brut, plus vif, du coup les imperfections passent beaucoup mieux que lorsque Timothée propose un graphisme plus léché mais non abouti. Le découpage est efficace ; l'on pourra à nouveau reprocher quelques effets de style comme pour la séquence du viol collectif, mais ça passe. Enfin, les couleurs sont bien choisies : en fait ce que j'aime le plus chez cet auteur, c'est son sens des couleurs, et je pense, au risque que ce soit mal pris, qu'il devrait faire carrière en tant que coloriste que scénariste ou dessinateur.
Bref, c'est moyen.. mais au final je préfère ce petit truc même si l'auteur pique clairement des idées ailleurs, que ses deux tomes les plus connus à ce jour (et qui contiennent également pas mal de pillage en fait).