Sky High
6.4
Sky High

Manga de Tsutomu Takahashi (2001)

En un an de temps, son dessin pourtant déjà bien ancré dans son encre quand il dessinait encore Alive, Takahashi Tsutomu aura accompli quelques prouesses artistiques en nous déballant Sky High. Toujours, cette proximité avec Coq de Combat, on la ressent du fait qu’elle soit prégnante. Pour autant, l’auteur, de cette patte graphique qui n’est pas la sienne, il s’en sera émancipé de beaucoup. Son style, quand il dessinait Sky High, était indéniablement le sien, marqué de sa seule empreinte malgré une inspiration scripturaire dont on devinait encore aisément l’origine. Il n’y a pas de mal à ça après tout quand le dessin trouve le moyen d’être à la fois original et somptueux ; ce qui est le cas avec Sky High. Dessin dont j’ai ici découvert des proximités avec celui de Naoki Urasawa pour ce tient aux faciès et plus particulièrement aux expressions de certains personnages.


Une femme meurt. Enceinte la rombière en plus. Fallait pas se faire vacciner, madame. Encore à même de planer dans le monde des vivants, elle est interpelée par Izuko, l’esprit gardien chargée de faire passer le portail vers le monde des morts à toutes les victimes de meurtres. Celle-ci offre néanmoins la possibilité à la crevée de posséder un corps, lui accordant un délai de douze jours d’ici à ce qu’elle puisse ensuite accéder au monde des morts. En dépit de la gravité de la situation et du drame patent dans lequel on nous jette nez en avant, on ne pourra pas s’empêcher, à l’aune de cette introduction, de penser à l’entame de Yu Yu Hakushô. Même si Skyhigh, en tant que Seinen, bifurque et s’en démarque bien assez tôt. Il n’empêche que le premier chapitre y ressemble drôlement dans principe.


Moi qui me figurais que l’affaire serait traînée et étendue sur un volume entier, il se trouve que ce seul tome sera finalement un recueil d’histoires courtes d’un chapitre chacune. Un nouveau mort rencontre Izuko et cherche à finaliser ses petites affaires dans le monde des vivants afin de partir en paix. Qu’un tel One Shot soit sorti un an à peine après le succès planétaire du film Le Sixième Sens me conduit immanquablement à déterminer une inspiration flagrante puisée dans l’œuvre de Shyamalan.


Le pathos, à chaque histoire, est présent. Pas de trop, mais jamais à dose homéopathique. Le contexte y prédispose et le déballage d’émotions n’est jamais obscène. Il n’empêche qu’il fut répulsif à mon égard. Bien d’autres, je pense, y serons plus réceptifs.


Les conclusions sont parfois nébuleuses. Je n’ai pas franchement saisi celle de la troisième histoire ni même vraiment saisi le bien-fondé de la sixième. Le lyrisme est de trop dans l’affaire. Il n’empêche que chaque histoire, partant toujours du même présupposé, aboutit à une intrigue différente des précédentes pour nous offrir bien assez de variétés dans ce recueil ma foi bien trouvé qui trouve bien des prétextes – et des bien trouvés – pour multiplier les histoires sympathiques. Sympathiques ; sans plus cependant. On ne saurait développer suffisamment de contenu en si peu de temps à chaque fois. En un sens, une pareille lecture rappellera Ikigami dans l’idée, sans ici se perdre ici dans une intrigue absconse plus tard étalée sur le temps long.


Ici, chaque victime d’homicide ou de suicide qui décide de s’en retourner un instant dans le monde des vivants n’est pas nécessairement une oie blanche étant fondée et légitime à se venger. Tous les profils se distinguent, parmi les plus vertueux d’abord, et les moins ragoutants ensuite. On se plaît à découvrir les facettes de chaque nouveau personnage dont l’intrigue reste franchement appréciable.


La dernière histoire, étalée sur trois chapitres, n’est pas franchement la plus intéressante. Une fois sorti d’un schéma épisodique, le temps long est ici un temps perdu. Rester trop longtemps aggloméré à ces nouveaux personnages que l’on rencontre, c’est s’en lasser bien assez tôt. Tout ce qu’ils ont à donner, ils le font en un chapitre de temps, brûlant alors d’un brasier vif qui, avec le temps, sans davantage de combustible pour s’alimenter, finissent aussi étincelant que trois braises dans l’âtre. Le format court est ce qui a fait Sky High, une histoire en trois actes est ce qui l’a terni. Cela n’empêchera pas bon nombre de lecteurs de se délecter de la bagatelle. Eut-elle persévéré sur sa lancée initiale, sans se perdre en une histoire longue, je le lui aurais volontiers accordé un six sur dix.

Josselin-B
5
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le 20 août 2024

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Josselin Bigaut

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