Lâcheté et mensonges
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"Soil" est une nouvelle preuve que le Japon, paradis du manga et culture "supérieure" en matière de bandes dessinées, n'est pas complètement une île, et que ses artistes peuvent être aussi influencés par l'Occident : car "Soil" a tout d'une synthèse - inspirée, loin de la copie servile - entre "Twin Peaks" (des enquêteurs pour le moins fantaisistes aux prises avec un fantastique qui les dépasse) et "Blue Velvet" (l'horreur sous la surface ripolinée de la vie banlieusarde), avec un soupçon de "Black Hole" (le graphisme, qui déroge - enfin - aux codes du manga, mais aussi cette vision de l'adolescence comme une maladie). Alors que ces références (quand même trois chefs d’œuvre absolus de la culture contemporaine...) pourraient étouffer "Soil", elles le nourrissent au contraire, et sont la base sur laquelle Atsushi Kaneko construit une fable horrifique au final très nippone (les fantômes récurrents des légendes traditionnelles, avec le personnage de Sayuri, par exemple...), qui nous transporte immédiatement dans un univers aussi dérangeant que fascinant. Même s'il faut un temps d'adaptation pour s'habituer à la mise en page et à la narration, et trouver le bon rythme de lecture, "Soil" a déjà tout du futur "classique". On attend la suite en trépignant d'impatience. [Critique écrite en 2011]
Créée
le 3 mars 2016
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