Très réussi !
Soixante printemps en hiver raconte la désertion de Josy, le jour de l’anniversaire de ses soixante ans. Par trop plein d’ennui, par manque de nouveautés, pas routine exacerbée, Josy tranquillement...
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le 30 juil. 2022
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Josy en a marre de sa vie. Elle n’aime plus son mari, avec qui elle s’est enfoncée dans une médiocre routine. Elle n’est pas fière de ses enfants, qui n’ont certes pas mal tournée mais dont elle attendait mieux. Alors, le jour de ses soixante ans, elle s’en va. Elle les plante, tous, mari, enfants, petits enfants, prend son van sans trop savoir où elle va ni ce qu’elle va faire, et se pose dans un camping. Elle y sympathise avec une jeune mère célibataire en galère qui y habite, et qui lui fait rencontrer un club de femmes qui, comme elle, ont plaqué leur vie pour être libre. Parmi elles, elle s’éprend d’une femme en particulier, avec qui elle va vivre une courte aventure contrariée par ses sentiments contradictoires mais aussi...
parce que la femme qu'elle aime meurt. (J’en ai marre de ce trope.)
Sur le papier, cette bande-dessinée avait tout pour me convaincre : une femme de soixante ans dans le rôle principal, on ne voit pas ça tous les jours. Avec la portée féministe de son scénario qui met en scène une femme qui s’émancipe, la sauce aurait du prendre ! D’autant que les dessins, aux tonalités douces et tristes, qui mettent en valeur les personnages avec une anatomie plutôt réaliste et du caractère, sont remarquables. Alors, quel est le problème ?
Pour moi, le problème c’est qu’on ne connaît rien de la vie de Josy. Elle se sent mal dans la vie, d’accord, mais… Pourquoi ? Je n’ai vu qu’un vague ennui qu’on ne nous fait jamais ressentir, qui n’est jamais développé. Si les problèmes de la vie de Josy avant sa fuite paraissent superficiels, alors, sa fuite le paraît aussi ! Sans savoir exactement de quoi elle s’émancipe, j’ai eu de la peine à entrer en empathie avec elle, à ressentir son ennui ou sa rage, et donc à comprendre pourquoi elle abandonne ceux qui tiennent le plus à elle… Au contraire, comme la famille de Josy, je n’ai pas pu m’empêcher de trouver ça absurde, or je suis sûre que ce livre voulait nous faire ressentir le contraire. Alors, on peut toujours supposer : j’imagine facilement un mari qui ne participe jamais aux tâches ménagères, des enfants exigeants mais jamais à l’écoute envers leur mère, l’impossibilité de prendre du temps pour soi, pour ses loisirs, pour ses désirs… Mais ça, ça n'est pas dans la BD.
Bref, un beau sujet, je suis heureuse qu’une BD existe sur ce sujet, mais j’aurais aimé qu’elle aille plus loin dans l’intensité émotionnelle de cette prise de liberté comparée à l’insatisfaction qui la précédait.
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il y a 6 jours
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