On ne comprend pas bien ce qui se passe au début. Cet homme est-il devenu fou ? Quelle journée étrange... Je ne vous dirai rien de l'histoire, et encore moins de son dénouement, mais nous entrons ici avec Didier Tronchet dans un épisode de la Quatrième dimension, qui n'est en fait qu'un prétexte pour évoquer le temps qui passe, et plus précisément les adultes que nous sommes devenus, confrontés aux espoirs que nous avions, enfants.
Sommes-nous devenus les adultes que nous rêvions d'être lorsque nous étions des enfants ?Non, bien sûr. Mais être confronté à l'enfance n'est-il pas indispensable, pour pouvoir sortir de la routine dans laquelle nous nous enfermons ? Retourner un peu en enfance, laisser ses désirs s'exprimer, n'est-il pas essentiel quand nous sommes aujourd'hui cernés par le travail et ses contraintes ? Savons-nous jouir des petits plaisirs de la vie, avec la candeur de l'enfance ? Non, bien spûr que non, nous sommes trop sérieux, la vie, la vraie, nous échappe, nous oublions de rendre magiques plein de petits moments qui pourraient facilement le devenir, nous ne sortons pas de la zone de confort, nous n'échappons que rarement à la vie monotone et contrôlée que nous construisons.
Le road-movie ardéchois proposé par Didier Tronchet, outre qu'il nous fait passer un bon moment, nous permet de nous rappeler de nos joies d'enfance, il nous rappelle qu'il existe des madeleines, et qu'on aurait peut-être intérêt à croquer la vie à pleines dents. Au diable le travail, au diable les convenances et le regard des autres, jouissons sans entrave !
Enfin, sur un plan esthétique, l'album est très sympa. Les paysages, du Nord de l'Ardèche, sont superbement croqués ; quant aux personnages, c'est du Tronchet, on aime ou pas, moi j'aime beaucoup, avec en plus ici un très joli travail sur le plan des couleurs.
Bref, un album réussi, déroutant au début du fait de sa dimension fantastique, avec du suspense, et un final assez réjouissant