On a rarement eu de biographie grand public du tyran rouge, et il faut avouer que le bonhomme avait un parcours atypique et pourtant presque similaire à celui d'Hitler (presque) : lui aussi a connu un pensionnat chrétien très répressif et était maladif pendant sa jeunesse.
Ce qui est aussi intéressant, c'est que bien que les auteurs présentent le point de vue de Staline sur sa propre vie, ce dernier - bien que capable d'envoyer son biographe au goulag après certaines révélations compromettantes, semble dire la vérité, rien que la vérité même si c'est la sienne. La vie de Staline, bien que longtemps méconnue, semble crédible, à la fois compréhensible et hors du commun ;
Écrasé deux fois de suite dans sa jeunesse par une charrette, défiguré par la variole, boiteux, l'enfant Staline arrive cependant à survivre, à fonder son petit gang avant ses 16 ans au nez et à la barbe d'un pensionnat orthodoxe autoritaire. C'est à partir de ses expériences que Staline forge ses moyens de surveillance et de répression.
Pour le reste, c'est assez "classique" d'une personne de gauche ou d'extrême-gauche fin XIXe-début XXe siècle : mouvement ouvrier, alliances politiques, réseaux secrets et appels à la grève. Il faut attendre le Tome 2 pour être plus surpris.
C'est sûr que la vie n'a pas été tendre avec Staline, mais elle aurait dû faire plus attention ; car elle a provoqué un géant endormi qui a ensuite rendu coup pour coup et est devenu un monstre (comme Hitler). Bien sûr, cette BD explique tout le parcours de Staline mais ne lui pardonne rien : le secrétaire biographe sait lui-même qu'il n'est qu'une mouche prise dans la toile d'araignée de l'Homme de Fer.