Obion est devenu, avec l’atelier Mastodonte, le grand spécialiste des jeux de mots foireux. Mais en 2015, c’est au dessin qu’il se distingue en illustrant le scénario d’Arnaud Le Gouëfflec, « Soucoupes ». Un peu de SF, mais c’est avant tout l’histoire d’un homme qui nous est contée. Le tout est pas paru chez Glénat pour 86 pages.
Bretagne. Un beau jour, des soucoupes volantes débarquent sur Terre. Leurs intentions sont pacifiques et l’avenir s’avère radieux pour l’humanité. Mais Christian ne voit pas ça d’un bon œil. Irascible, râleur, ne nous couverait-il pas une petite dépression ?
Très vite on comprend que la partie extraterrestre est une facétie assez maline des auteurs. Avant tout, c’est l’histoire d’un homme malheureux et peu épanoui qui va être changée par sa rencontre avec un des visiteurs. Ce dernier veut découvrir la musique humaine. S’ensuit une amitié qui va se construire petit à petit.
De belles idées s’enchaînent dans l’ouvrage, qu’on ne dévoilera pas. Christian représente toute la misère et la beauté humaine, et il va transmettre cela à son ami extraterrestre. Le sexe, l’amour, l’alcool, la musique, la peinture… Le pire et le meilleur de l’humanité ! Le fait que l’extraterrestre ne s’exprime pas (ni pas le « visage », ni par la parole) donne un ton original à l’ouvrage. Comme si Christian était chez le psy et s’exprimait par monologue.
Malgré toutes les fantaisies apportées, cela ne cache pas une histoire somme toute classique d’homme en pleine crise, coincé entre femme et maîtresse à Brest. C’est un peu le défaut du scénario. Enlevé les originalités SF (pas si nombreuses que ça non plus), le fil rouge reste assez léger.
Concernant le dessin, j’aime beaucoup le trait d’Obion. Ici, il fait un choix graphique audacieux auquel je n’ai pas adhéré. L’encrage est parfois présent (pour certains premiers plans), parfois non. Il y a une certaine irrégularité dans l’ensemble assez dommageable. Quelques cases sont splendides par leur ambiance, d’autres beaucoup moins réussies. À voir si vous accrochez au style particulier qu’il adopte ici.
« Soucoupes » est une bande dessinée sympathique, avec suffisamment d’originalité pour tirer son épingle du jeu. Peut-être serez-vous séduits par cette histoire de rétro-SF dans un village breton ? Ça vaut le coup d’essayer en tout cas.