Graphiquement audacieux et inspiré, Souvenirs de l'empire de l'atome m'a beaucoup plu avant de finir par m’écœurer par son scénario trop alambiqué.
La déconstruction temporelle (l'histoire n'est pas narrée de manière chronologique) supposée nous faire comprendre après coup des scènes qu'on a lues plus tôt dans le recit, fonctionne jusqu'à un certain point, mais finit par perdre le lecteur un tant soit peu dilettante.
Oui parce qu'en plus de vouloir raconter son histoire par sauts temporels, le scénariste a également voulu garder une surprise pour la fin, qui donne un nouvel éclairage sur tout ce qu'on a lu auparavant.
A ces nombreux niveaux de lecture (qui ne seraient pas un problème en soi si derrière tout ça, il y avait un trésor de poésie ou un récit d'une rare intelligence, mais ce n'est pas le cas), s'ajoute un petit problème de rythme et des personnages vraiment transparents auxquels on a du mal à adhérer, ce qui rend le récit encore un peu plus froid et donne l'impression au lecteur de parcourir une BD qui serait davantage un exercice de style qu'un récit fait pour nous emmener loin (ce que j'aurais préféré).
Reste une BD ingénieuse qui tente beaucoup de choses et parvient à surprendre. Mais à ne jamais choisir entre science-fiction et allégorie de la folie, le scénario a vraiment fini par me noyer et à gâcher une partie du plaisir.