Les 3 travaux de Fantasio

Après avoir bien entamé ma collection Lucky Luke et recommencé pour la énième fois celle du légendaire reporter Tintin, je m'attaque désormais à un autre de ces grands héros de papier, Spirou. Et je commence par "Spirou et les Heritiers", 4ème album du Poulidor de la BD ( Tintin aura toujours un peu plus de succès) réalisé par Andre Franquin.

Rien ne prédestinait Franquin à reprendre la création de Rob-Vel (Robert Velter). André est présenté à Charles Dupuis par l'intermédiaire de Morris. Dupuis les introduit auprès du maître Jijé (Joseph Gillain) qui s'occupe alors du personnage de Spirou. Jijé ayant d'autres obligations et manquant de temps pour pouvoir réaliser l'ensemble de ses projets décide de confier le petit groom à Franquin. Heureux concours de circonstances pour Franquin qui va lui mettre le pied à l'étrier. Franquin va s'approprier le personnage, le faire évoluer jusqu'à en faire un héros incontournable de la franco-belge. Et ceci commence principalement avec "Spirou et les Héritiers"

Album dense (61 planches) au dessin qui s'affine (sans pour autant avoir trouvé son aspect définitif), ce 4ème tome est majeur car il présente deux nouveaux personnages qui deviendront récurrents à la série. Tout d'abord, Fantasio, qui pour toucher l'héritage de son oncle doit accomplir 3 épreuves. Et il se retrouve opposé à son double maléfique et vicelard, son cousin Zantafio (que l'on retrouvera dans d'autres opus).
Mais le personnage qui met tous les autres en retrait, celui qui bouffe l'écran et qui apparaît dans l'épreuve finale (last but not least), n'est autre qu'un petit animal quelque peut bizarre: le marsupilami!

Croisement étrange entre la panthère et le chimpanzé avec un plus qui fait la différence, une longue queue qui lui sert à une multitude d'action, il tient son nom de l'association de trois thèmes:

- marsupial (la famille de rattachement de la créature)
- Pilou Pilou (en hommage au héros de E.C.Segar, dessinateur américain)
- ami (pour le côté sympa de la bestiole)

L'anecdote voudrait que l'origine de cette créature incontournable provienne d'un voyage en tram un peu long où Franquin, accompagné de Morris et Will, se soit mis à délirer sur un contrôleur débordé à qui il ajouterait un organe supplémentaire (une longue queue préhensile) qui l'aiderait à accomplir toutes ses tâches. De ce délire est né le Marsupilami qui finira par avoir sa propre série, gage de grande popularité.

Mais, "Spirou et les Héritiers" ne se résume pas à ces 2 apparitions. On suit avec plaisir les trois épreuves de nos deux héros où Fantasio est aussi actif que Spirou qui a là un rôle de soutien. Un rôle important puisqu'il n'hésite pas à bousculer et engueuler son ami pour le remotiver. Fantasio est très drôle dans son rôle de savant fou qui ne trouve que des inventions inutiles dans un premier temps (trait du personnage que Franquin abandonnera pour le transmettre à un autre de ses héros, le travailleur Gaston.....) jusqu'à créer le Fantacoptère. Un savant un peu imbu de sa personne , maladroit et théatral (voire ridicule) auquel on s'attache rapidement. A ses côté Spirou, bien aidé par Spip, toujours prêt à voler au secours de la veuve et l'orphelin, se montre courageux et plus réfléchi. On sait alors que l'on possède là un duo qui va nous ravir pendant de nombreuses années (à l'instar d'un Tintin et Haddock par exemple).
Franquin se montre efficace pour représenter les courses automobiles ainsi que la foret Palombienne. J'avais oublié que, comme Hergé, Franquin accomplissait quelques dessins prenant la totalité de la planche (ici au nombre de 3). Superbe.

Bref, pour résumer, "Spirou et les Héritiers", c'est du très très bon. Un album qui se révèle indispensable.