Ce tome 2 de Superman Infinite est un peu spécial puisque que plutôt que de contenir les numéros d'Action Comics qui suivent ceux regroupés dans le tome 1, il contient à la place la mini-série Superman & the Authority, écrite par Grant Morrison, qui raconte comment Superman rassemble l'équipe que l'on voit à la fin du tome précédent. Les intrigues développées jusque là sont donc complètement mis en pause, et on ne retrouve Phillip Kennedy Johnson, le scénariste du tome 1, qu'à la fin de l'ouvrage, dans un numéro spécial façon Annual qui fait un peu la liaison avec la trame principale, mais qui est surtout une petite aventure en un numéro en team-up avec Batman.
Bon autant le dire tout de suite : la mini-série Superman & the Authority a été imaginée à la base pour un autre contexte. L'éditeur en chef Dan Didio prévoyait d'amener l'univers DC dans une certaine direction (baptisée "5G"), et avait commandée cette mini-série à Grant Morrison, mais il a été viré et finalement l'univers DC est allé dans une autre direction, et cette mini se retrouve insérée au chausse-pied dans la continuité du Action Comics de PKJ.
Urban ne prend pas le temps d'expliquer ce contexte éditorial compliqué, donc pour ceux qui n'en savaient rien la lecture de ce tome a pu être très bizarre, surtout que les récits de Morrison sont déjà un peu chelous de base. Il y a quelques tentatives de raccords ça et là avec la trame du tome 1, mais c'est vraiment pas hyper clean.
Toutes ces histoires d'années 60 avec Kennedy ou le fait que Sup ait les tempes grises ne sont pas vraiment expliquées par exemple (mais peut-être que ça viendra plus tard, j'en sais rien), et bien entendu Morrison ne fait aucune références aux intrigues en cours si ce n'est à la toute fin.
Mais bref, ça reste un tome tout à fait sympathique. Ca faisait quelques temps que je n'avais pas lu de Morrison et j'avais oublié à quel point ces récits peuvent être parfois tarabiscotés et pas toujours évident à suivre, mais en même temps c'est bourré d'idées intéressantes, c'est toujours fun de voir ses concepts barrés, et il y a plein de bons moments, de bons dialogues et de caractérisations qui m'ont semblées réussies.
L'équipe reprend donc le nom Authority (et encore, une seule fois dans le texte), mais ça n'ose pas vraiment aller sur les pas de la série originelle de Wildstorm. Ca semble y tendre par moments avant de bifurquer et on au final on a juste une équipe black ops pour un Superman qui perd ses pouvoirs. Morrison ne reprend qu'Apollo et Midnighter de l'Authorithy d'origine (en même temps c'est les persos de l'équipe qu'on a le plus vu évoluer dans l'univers DC classique jusque là, et c'est très amusant de les voir rencontrer Superman et Batman. Je ne suis pas sur qu'on ait vu les autres dans l'univers DC, à part peut-être période New52), pour le reste ce sont des personnages venus d'un peu tous les horizons (on a Manchester Black qui était dès sa création une ref à Jenny Sparks de the Authority me semble t-il, Natasha Irons la fille de Steel, l'Enchanteresse qui avait fait partie de la Suicide Squad, Lightray qui semble être la Flash de l'univers Tangent Comics mais probablement plus une grosse réinterprétation et avec un costume qui évoque plutôt celui de la Flash de l'univers Just Imagine de Stan Lee (?!), et enfin on a une toute nouvelle version d'OMAC qui est genderfluid). Ce qui est intéressant c'est que globalement l'équipe est composée de seconds couteaux que je connais mal donc c'est sympa de découvrir ces persos et de voir leur dynamique en équipe avec Sup. Mais c'est dommage que Lightray et OMAC n'aient pas plus de pages qui leur sont consacrées car ce qu'on nous présente d'elles est très confus et elles sont au final pas hyper développées.
En terme de vilains, j'aime beaucoup le fait d'avoir un Superman vieillissant qui se retrouve devoir faire face à son premier super-vilain : l'Ultra-Humanite, et je trouve que Morrison l'écrit d'une manière intéressante, et on a aussi le droit à l'un des ennemis jurés de Sup : Brainiac, qui a cependant moins le temps de briller. Et il y a également un groupe de mercenaires qui ne sont composés que de refs assez obscures : le vilain suprémaciste Croix de Fer, Coldcast qui vient de l'ancienne équipe de Manchester Black : The Elite (qui était donc une ref à the Authority à l'époque), la super espionne française Fleur-de-Lis qui avait été membre des Global Guardians (les ancêtres de la JLI) il y a fort longtemps (et qui est apparemment apparue vite fait dans Doomsday Clock), et on a Siv qui vient d'une mystérieuse mini-série "Haven : the Broken City" du début des années 2000 dont je ne connais rien, bref Morrison s'est bien amusé.
Côté dessins : c'est Mikel Janin qui s'occupe de la majeure partie des pages. C'est pas mon dessinateur favori, mais il est colorisé par Jordie Bellaire donc ça passe globalement plutôt bien et il a quand même des cases très réussies par moment. On a d'autres artistes et coloristes sur certains passages consacrés à découvrir certains membres de l'équipe, tout ne se vaut pas mais j'aime bien ce qu'a fait la personne en charge du passage sur Midnighter et Apollo (probablement Evan Cagle ? J'en sais rien). Et c'est Trevor Hairsine et Ben Templesmith qui s'occupent du numéro spécial à la fin, Hairsine est très classique et pas forcément mis en valeur par la colo classique de Rain Beredo mais par contre c'est toujours un plaisir de revoir les dessins biscornus de Templesmith.
Bref, un tome assez particulier, pas hyper facile d'accès, pas toujours hyper clair, et qui je pense divisera pas mal, mais pour ma part j'ai plutôt apprécié ma lecture.