Superstar : Vu à la télé ! par Kab
En l’an 2000, Kurt Busiek décide de prendre du large des deux gros éditeurs. Avec quelques amis (Tom Grummett, Stuart Immonen, Karl Kesel, Barry Kitson, George Pérez, Mark Waid et Mike Wieringo), il décide de fonder son propre label chez Image. Son nom est Gorilla Comics. Des comics comme Tellos, Shockrockets, Empire en sont issus. Pourtant, tout va très vite se terminer. Superstar fut originalement publié chez Gorilla mais il n’y eut qu’un seul numéro. Il fallut attendre de nombreuses années pour voir la fin de la première histoire qui nous arrive aujourd’hui.
Première histoire car on sent bien que la série était prévue pour être sans limites. Cette intrigue se veut introductive à l’univers et permet au lecteur de plonger rapidement dans le bain. On comprend vite qui est qui. L’histoire du héros est révélée en deux planches et on découvre de nombreux vilains. Un univers riche mais pourtant très facile d’accès. Busiek n’étant pas un adepte de la décompression, on en a ici pour son argent. Il se passe beaucoup de choses mais en même temps, pas tant que ça.
Les personnages sont très bien décrits et très différents des un des autres. On comprend rapidement ce que veut Cody (être un super-héros) ainsi que son père (faire de l’argent). Seul le rôle de Jess, le frère, reste indéterminé.
Je suis très client de Kurt Busiek, je l’avoue et Superstar est pour moi la quintessence même du comic-book de super-héros. Du costume, des menaces, du super-pouvoirs, une vie privée... Le lecteur ne voit pas dix héros assis autour d’une table à manger ou à se demander quoi faire. Ca va vite mais pas trop à la différence de Grant Morrison.
Les thèmes abordés pour l’époque sont excellents et n’ont curieusement été que très peu réutilisés par la suite. Le principal reste, la starification du héros et tous les problèmes inhérents à la célébrité. J’ai beaucoup aimé ce sujet. Il est dommage que le scénariste ne le développe que si peu. Je pense à sa décharge que cela aurait dû être traité dans la suite de la série.
L’autre grosse thématique est la dépendance du héros. C’est le héros du peuple car la population le veut bien. Superstar est dépendant des dons d’énergie. Sans, il n’a plus de pouvoirs. Voilà encore une approche agréable, qui aurait pu être développée dans la suite.
Enfin une dernière chose qui m’a frappé est le mix entre héros DC et Marvel. Les héros DC sont des personnages appréciés du public (moins depuis l’ère Johns) et souvent montrés avec peu de failles alors que ceux de Marvel, ont des problèmes et sont très souvent mal aimés. Avec Superstar, on retrouve un héros mal dans sa peau qui vit mal son statut d’icone mais qui est adoré de la foule.
Au dessin, c’est l’immense Stuart Immonen que l’on retrouve. Pour les aficionados de la dernière heure, ils vont avoir du mal à reconnaitre le style de l’artiste. Pour les plus habitués et/ou les plus anciens, ils retrouveront des dessins proche de Shockrockets ou encore de Superman : Identité secrète. Les personnages ne sont pas du tout cartoon, les proportions sont sublimes, l’encrage et les textures plus poussés. C’est un régal et un rappel que Stuart Immonen n’a pas q’un seul style visuel.
Pour finir, je dois dire que Glénat amis les petits plats dans les grands proposant de nombreux croquis de personnages par de grands artistes, permettant ainsi de voir l’évolution du concept pensé par Busiek il y a de nombreuses années et prouvant que depuis le premier épisode de la série, beaucoup de choses ont changé.
Mon avis : Envie de comics de super-héros à l’ancienne, fun, loin de la sinistrose et du démembrement permanent et avec des thématiques fortes et intelligente ? Voilà ce qu’il vous faut ! Dommage de n’avoir qu’un seul volume à lire...
