Bon alors déjà, je trouve que le dessin ne se marrie pas super bien avec l'histoire racontée, et que les personnages sont parfois très laids avec des mains et des pieds représentés de manière grossière. Je n'avais pas eu cette impression de dessins bâclés avec L'odyssée d'Hakim, là ça m'a vraiment heurtée par moment. Un style graphique assez simple peut avoir son charme, ce n'est pas le souci, mais les approximations dans le dessin, c'est plus dérangeant.
Mais passons, ce n'est pas ce qui m'a le plus gênée. Non le principal problème de cette BD, c'est qu'elle n'est pas crédible : les dialogues entre la grand-mère et sa petite fille sonnent faux ("mamie, maintenant que papy est mort, dis-moi, c’était comment quand tu as couché avec lui la première fois ?"), les dialogues d’exposition sont amenés avec la subtilité d’un pachyderme dans un magasin de porcelaine ("alors profitons donc de traverser ce Ikea pour nous rappeler que cela fait 6 ans que nous sommes ensemble, ah que ce Malm bien monté nous donne envie de faire ressurgir toute la complicité de notre relation !") J’ai aussi du mal à croire à l’enchaînement des évènements, on sent la mamie pas chaude pour partir sur les traces d’un éphémère amour de jeunesse, mais en deux temps trois mouvements sa petite fille parvient pourtant à la convaincre de partir avec elle. C’est censé être une BD feel good, avec des beaux sentiments sur un amour qui perdure à travers le temps et entre les âges pour le côté intergénérationnel mamie / petite fille. Mais j’ai eu du mal à le prendre comme ça parce que j’ai trouvé que la petite fille forçait beaucoup la main de sa grand-mère et n’écoutait pas beaucoup les craintes de celle-ci. Alors ok, c’est pour une bonne cause, mais dans la réalité on ne force pas les gens à participer à une aventure à laquelle ils ne souhaitent pas prendre part, on respecte leurs envies.
Il y a aussi un souci de rythme, certains passages sont inutilement lents, quand d’autres auraient mérité un peu plus de développement (le suivi du couple composé par la jeune fille et son gars, alors que celle-ci est en Italie, on règle ça avec un texto, emballez c’est pesé). Et puis l’exposition des différences entre générations dans la vision du couple est gentiment clichée. Mamie est une oie blanche, la petite fille a une parole tellement libérée qu’elle peut expliquer à l’aise à sa mamie qu’il y a un côté très patriarcal dans la relation sexuelle et que la pénétration vient marquer la domination de l’homme sur la femme. Allez hop, on balance ça comme un cheveu sur la soupe et on va espérer que le lecteur trouve ce dialogue crédible. Ah, tant de subtilité…
Et en plus, on n'a même pas eu de réponse à la grande question qui traverse le livre : mais qui garde le chat de la mamie en son absence ?