Un 7 de cœur pour la netteté, la simplicité et la clarté sur un grand format alternant grands et petits encadrés sur une mise en page dynamique permettant une lecture rapide et aisée. Altenant noir et blanc et couleur, des textes courts et des thèmes absurdes.
Première édition de 1980, un melting pot d’ouverture avec un semblant d’articles de journaux à visée humoristique «Le cliché libéré» (qui rappelle la culture underground à laquelle est attaché Swarte), au ton moqueur et une auto-description de l’auteur lui-même, qui donne le ton sur le personnage :
Joost Swarte, originaire des pays bas dont nous vous présentons quelques produits dans cette édition, semble se perdre maintes et maintes fois dans ses curiosités diverses. A première vue on ne peut découvrir aucune cohérence. Il y a des fois où on se demande s’il est vraiment un dessinateur. Peut-être qu’il faut plutôt l’appeler un producteur de planche
La BD vaut plus pour ses dessins que pour les «intrigues» et reprend l’essentiel de ses bandes dessinées réalisées pour les Pays-Bas avec les personnages d’«Anton Makassar», de «Jopo de Pojo» et trois pages en hommage à Hergé. Humour décalé et potache, des situations rocambolesques, quelques textes bien sentis avec de courtes histoires sans queue ni tête.
Il profite sous couvert de l’humour de nous rappeler à quelques actualités notamment avec « Caesar Soda » et la présence en Afrique «pour libérer ce peuple de sauvages».
On aura quelques planches issues de la technique " ben-day" notamment avec des multiples grains sur ses planches couleur.
Swarte est l’inventeur du terme «La ligne claire» - un trait de même épaisseur et des couleurs en aplat sans ombre pour des constructions graphiques épurées - style bien connu de Hergé et de bien d’autres.
La ligne claire est un procédé pour permettre une grande lisibilité narrative. Il utilse d’ailleurs cette épure dans ses autres activités de designer/graphiste et d’architecture...Auteur de cartes postales, portfolios, sérigraphies et de petits livres à destination des enfants que l’on peut trouver chez Casterman, Swarte fera finalement très peu de Bd et s’inspirera plutôt de Robert Crumb et Jay Linch que d’hergé.
Les premières bandes dessinées de Joost Swarte publiées en France entre 1973 et 1975 sont réalisées directement pour Charlie Mensuel. Joost Swarte ira rejoindre ensuite Le Square, dont le rédacteur en chef est Willem, grand défenseur de la culture underground. Il crée également son magazine (Modern Papier, en 1971) et s’intéresse à l’art dans sa globalité.
L’auteur est connu pour sur ses travaux d’aménagement, notamment du Musée Hergé à Louvain-la-Neuve…
Devrait venir ensuite pour moi la lecture de « Leporello». Catalogue rétrospectif de Joost Swarte (il a été choisi pour raconter la naissance d’un livre et des étapes de sa création par la création de vitraux sous la commande de Glénat)
Swarte :
Le premier vitrail évoque la naissance du livre, encore très jeune, le deuxième est la phase d’apprentissage où le livre est à l’école, ouvert aux influences qui marquent l’écrivain et le dessinateur ; dans le troisième vitrail, il est chez le coiffeur, ce qui évoque la phase de la maquette avec, sur les murs, les différents modèles suggérés, ici des typographies, comme les brushings dans un salon de coiffure ; sur l’œil de bœuf, on s’arrête sur un portrait de la famille « livre » : là un jeune homme lit une BD, le grand-père lit des œuvres complètes, les parents sont aussi là, pour montrer que le livre traverse tous les âges. Les autres vitraux parlent de la multiplication du livre sur la machine de l’imprimeur, c’est l’âge de la reproduction, puis la diffusion-distribution, où le livre progresse comme sur un fil d’équilibriste au-dessus du vide, car c’est la partie la plus délicate du travail de l’éditeur. Dans le dernier vitrail, il a trouvé sa bibliothèque : une grande maison, qui est une femme et qui dit au livre : « Viens vivre chez moi. » Mais elle a déjà beaucoup de maris… C’est en réalisant ce vitrail que Glénat et moi avons commencé à travailler ensemble.. .
On peut peut-être encore trouver ses œuvres chez Futuropolis, L’Écho des savanes et Métal Hurlant...(?)