The Green Knight c'est déjà pour Dev Patel l'occasion de prouver son talent pour un rôle tout en nuance à nous faire ressentir ses états d'âmes et ses doutes quant à sa destinée, ne sachant pas très bien ce que sont l'honneur et le courage.
Le Roi Arthur moribond et l'opportunité de prendre la relève, poussera le jeune Gauvain à accepter l'invitation d'une sorte d'arbre/humain, à la stature imposante et à la voix ne souffrant aucune répartie, venu le soir de Noël déranger les chevaliers de la table ronde, et proposer qu'on lui tranche la tête. Le Roi assurant l'apprenti-chevalier, qu'il ne s'agit que d'un jeu.
Il faudra s'intéresser au matériau initial pour saisir de quoi il est question. Matériau revu et corrigé au fil du temps pour cette légende Arthurienne du XIVè siècle, écrite par un inconnu et dont il ne reste qu'une seule copie bien gardée à la British Library et Lowery choisit bien son thème.
Les jeux de la décapitation permettent au joueur de se surpasser mais une seule blessure, un geste symbolique, peut suffire à prouver sa valeur, sans tuer son adversaire, mais le jeune homme tuera pourtant d'un seul coup de hache le chevalier vert, qui ramassant sa tête, lui renvoie l'invitation pour l'année suivante à recevoir en retour, le même coup. Inquiet, Gauvain devra affronter ses peurs et décide l'année suivante de se rendre au rendez-vous.
Initiatique voire philosophique, le cinéaste s'accorde quelques variations, et interroge la figure du preux chevalier, la finalité des quêtes chevaleresques et le véritable courage.
On pourra alors trouver le film trop court pour lier l'héroïsme à la quête intérieure et ne pas toujours bien saisir les épreuves auxquelles il est soumis et ce qu'elles impliquent. Une lecture du poème et ses différentes études semblent s'imposer, notamment sur les explications liées aux couleurs et au symbolisme qui parcourt le récit, ainsi que les pièges visant à éprouver la loyauté ou la chasteté du héros, pas toujours très lisibles. (Joël Edgerton, toujours parfait en maître d'un Château inquiétant et Mention pour Alicia Vikander dans deux rôles bien choisis et bien joués).
Lowery, assez étonnant dans ses choix (Peter et Elliott le dragon, Les amants du Texas ou The old man and the gun pour le plus curieux d'entre tous), nous revient égal à The Ghost Story et nous propose une revisite poétique et onirique, particulièrement lente, y intégrant une autre légende liée à la décapitation, cette fois-ci d'une jeune fille innocente, datant de 700 ans auparavant, mêlant avec naturel le périple aux visions et autres rencontres surnaturelles.
Toujours contemplatif, mettant les décors naturels en valeur et à la photographie brumeuse (Andrew Droz Palermo déjà à l'œuvre sur A Ghost Story), le réalisateur pousse à la rêverie. Une ambiance hors du temps, où les chemins sont trompeurs, les bandits sournois et où les géants s'invitant au voyage, nous charment par un hymne tout aussi beau que dépressif. La musique tout du long de Daniel Hart ajoute à l'étrangeté du récit pour une belle expérience tant visuelle que sonore.
Le voyage n'est pourtant pas l'objet de combat physique, et déjoue nos attentes, pour rendre compte de la quête existentielle de Gauvain.
On pense au film de Robert Eggers, The witch dans son portrait froid et inquiétant et à détourner le thème horrifique, dans son rapport à la sorcellerie, et surtout dans sa photographie et sa musique lancinante, où la perte de repères est particulièrement bien retranscrite par le cheminement et les environnements sources de danger.
Peu de films rendent compte de l'aspect délétère de l'époque médiévale, et même si Lowery rend hommage aux contes, il malmène le portrait comme cette tablée chevaleresque qui n'en a que le nom, les châteaux vides et peu accueillants, ou celui qui est fait de Gauvain, bien peu courageux, à la vie dissolue et plutôt attiré par les charmes d'Essel une jeune femme sans titre, nous surprenant bien souvent notamment dans la vision cauchemardesque d'une destinée rêvée, bien loin des récits d'aventures épiques.