A part le fait que le temple de Deir-el-Bahari ne sert qu'à attirer le chaland et n'apparaît nulle part dans l'histoire, voilà un opus des aventures du Scorpion qui ne dépare pas la série et permet à notre sombre héros d'arpenter de nouveaux territoires, aussi bien géographiques que métaphoriques, puisqu'il est en quête de paternité. Depuis le début de sa saga, il se débattait avec son encombrante ascendance et voilà qu'il doit faire un bond dans le temps et assumer un rôle inattendu de père. Bien sûr, tout n'est pas si simple, et ses chimères se dérobent une fois de plus sous ses pieds, mais c'est ce qu'on aime chez cet homme torturé : il ne connaît jamais le repos, et le flamboyant bretteur de sa jeunesse a cédé le pas petit à petit à un damné aux yeux fiévreux, poussé en avant par des coups du sort qui minent sa belle insouciance du début. C'est ce sens du Destin qui fait tout l'intérêt de son itinéraire : sans qu'on nous joue une fois de plus (voire de trop) la ritournelle de l’Élu, on sent bien que ce personnage à tiroirs est voué à un parcours extraordinaire, parce qu'il est à la croisée de plusieurs traditions, de plusieurs époques et de plusieurs lignées. Et il a le bon goût de ployer sous la charge, en être humain courageux mais accablé par des coups du sort de plus en plus violents. On sent bien qu'il ne va pas sortir indemne de ce parcours initiatique assez sombre, et ça change des jeunes coqs triomphants des productions américaines célébrant le mérite personnel avant tout. Bref, un opus et une saga dignes d'intérêt, car, en prime, la qualité graphique est au rendez-vous, trait et couleur.