Je me souviens que quand lorsque je vivais chez mes parents, je préférais relire certains tomes (les deux premiers) à d'autres de cette saga ; le troisième, je n'étais jamais pressé de le relire. À l'époque je n'analysais pas mes lectures, je ne cherchais pas à comprendre pourquoi certaines BD ou certains films me plaisaient et d'autres non. S'attaquer à ces vieilleries en essayant de comprendre pourquoi, c'est un peu intéressant, même si je ne saurai jamais pour sûr si mon analyse d'aujourd'hui correspond bien à mon ressenti d'autrefois.
Quand j'étais petit, j'aimais bien imaginer des histoires avec mes personnages G.I. Joe ainsi qu'avec mes légos. Et puis, je ne sais pas pourquoi, je devais avoir 13 ou 14 ans, je me suis mis à imaginer des histoires avec moi entier dedans. Cela a donné lieu à une belle aventure lors de mes 14 ans, sur mon toit, nu comme un verre, faisant semblant d'être un corsaire perdu au milieu de l'océan après une rude tempête. Mais avant de me lancer dans cet exhibitionnisme en public, je l'ai fait dans l'intimité de ma maison. Et je me souviens de cette fois où mon cousin est venu chez moi pendant une semaine de vacances. On jouait souvent à la console (je crois qu'à l'époque j'avais la playstation 1), aux légos, à un jeu de foot miniature, à Worms sur mon vieil ordi... et un jour je lui ai proposé de jouer à la piraterie. Il n'avait pas l'air très chaud mais je n'en avais cure. Nous étions moussaillons sur le canapé, nous étions attaqués de toutes parts. Et puis survint l'inévitable : la tempête ! Encore cette maudite tempête qui me força à me dévêtir... Ha, je n'ai pas trop souvenir de la tête de mon cousin lorsqu'il m'a vu me foutre à poil pour ce jeu de rôle, je suppose que j'étais trop gêné de mon attitude pour oser lui faire face. D'ailleurs maintenant que j'y repense, cette séquence avait duré super longtemps : en moins de 5 minutes, nous nous étions fait attaquer, je me suis mis à poil, j'ai mis mes vêtements à sécher et je me suis rhabillé ! Exhibitionnisme éclair ! Je devrais lui demander s'il se souvient de cela. Moi je me souviens surtout d'une forme d'excitation au point d'avoir une semi-érection. Les dates sont vagues, je ne sais pas s'il s'agit vraiment de ma première exhibition consciente ou si mon épisode en Bretagne s'est déroulé avant. Tout ça pour dire que les tempêtes, j'ai très bien connu... je me demande d'ailleurs si les BD de Loisel ont pu m'influencer dans cette acte de vilainie étant donné que je lisais déjà cette BD à cette époque et que je me masturbais depuis quelques temps en repensant aux gros lolos de la prostituée du tome 1 qui propose une fellation goulue à ce sot de Peter.
Pour en revenir à la BD, j'ai donc été assez déçu lors de cette relecture. J'avais un peu oublié que j'avais moins apprécié cet album. Je trouve que le récit est assez pauvre et mal rythmé. Cela fait quelques jours que j'ai terminé ce tome et déjà j'ai oublié ce qu'il s'y passe. Loisel a construit son intrigue autour de cette tempête qui est bel et bien ce dont on se rappelle le mieux. Mais pour le reste... c'est vague.
Sans doute parce que c'est peu intéressant : on avance rapidement, si rapidement que ça en paraît incohérent. Rappelez-vous, on apprend la raison de la présence de Peter à la fin du tome 2. Dans ce troisième opus, il propose un plan tout con qui est directement accepté et qualifié de très bon. C'est un peu facile. Surprenant que les gentils imaginés n'y aient pas pensé plus tôt, surprenant que Peter trouve cette idée directement alors qu'il n'est pas particulièrement fute-fute. Le plan n'est pas très malin non plus : pourquoi prévenir le capitaine AVANT d'aller poser le trésor ? C'est tellement con que ça en est incohérent : il paraît impossible que des personnages trouvent une bonne idée et la gâchent aussi bêtement.
La tempête arrive trop tôt aussi, alors qu'elle aurait dû occuper le dernier tiers de l'album ; à la place, on se tape les retrouvailles de Peter avec Londres, ses amis, sa mère. Ce n'est pas inintéressant, mais on a l'impression de revenir sur quelque chose de pas particulièrement nécessaire. Surtout que le lien effectué avec le cauchemar du tome 2 est assez faible. Quant à l'exploitation de Jack, j'avais trouvé ça cool à l'époque, je trouve ça un peu idiot aujourd'hui : quel besoin y avait-il de mêler ce fait réel à notre histoire ? C'est nous faire sortir du ton proposé jusque là, c'est un peu bizarre.
Ce qui est bizarre aussi, c'est le traitement de Peter qui, par moment, fait preuve d'une grande maturité alors que dans l'album précédent il se comportait encore comme un gamin : Opikanoba, ça fait grandir à ce point ? Je pense plutôt que Loisel a un peu perdu son personnage, car en de brefs moments, il lui redonne sa bêtise initiale. La relation avec Pan n'est pas très cohérente non plus. Certes, les deux gamins se sont rapprochés et Pan a sauvé Peter de l'Opikanoba. Et pourtant j'ai du mal à comprendre le bouleversement de Peter. Sans doute parce qu'il était inconscient lors du sauvetage ? Sans doute aussi parce qu'ils n'ont pas vécu énormément de choses pour justifier un tel attachement. En plus le sauvetage n'a pas été effectué parce que Pan est ami avec Peter mais parce que Pan a besoin de Peter. Donc cette amitié soudainement si précieuse, je n'y ai pas trop cru.
Graphiquement, c'est du bon boulot mais là aussi j'avoue n'avoir pas été autant séduit que dans les précédents albums. Les premières pages ne contiennent pas assez de gros plans ; cette distance ne donne pas envie de se plonger dans l'histoire. Au niveau du découpage, le jeu de dézoom que Loisel propose régulièrement m'a un peu lassé, surtout qu'il apparaît souvent gratuit, surtout dans ce tome. Le côté cinématographique ne m'a donc pas autant emballé que dans les précédents tomes, pas parce que je n'aime plus l'idée, juste parce que j'ai eu l'impression de voir un dessinateur un peu dépassé, ne parvenant pas à faire les bons choix pour mettre en scène une action.
Il reste tout de même des choses très fortes, dont la tempête, magnifique ne fut-ce que pour ce jeu d'ombres et d'éclairs. Et puis les personnages sont toujours très expressifs, même si on a fait un peu le tour de la palette de l'auteur. Clochette m'a aussi moins attiré dans cet album, on dirait qu'elle a perdu quelques kilos.
Bref, ce troisième tome est moins intéressants que les précédents. Ce qui me fait un peu peur, c'est que lorsque je repense à ce que je pensais de la saga dans ma jeunesse, ce sont les deux premiers tomes qui surgissent en premier pour louer des qualités graphiques et narratives. Je ne m'attends donc pas à être enthousiaste lors des prochaines lectures... mais qui sait ?