"Je vois, tu es du genre à tranquillement entrer chez les gens et aimer dessiner des quadragénaires nus...."
Katsuyuki est brillant, Katsuyuki est plein d'avenir, Katsuyuki a de l'ambition mais Katsuyuki est... -comment le formuler poliment ?- un sale petit crétin imbuvable.
A 17 ans, notre odieux génie de la finance a déjà planifié toute son existence: il quittera le Japon, entrera à Harvard, sera recruté par une grande société, fera rapidement ses preuves grâce à sa formidable intelligence et deviendra un homme riche, puissant et respecté. Ce qu'il n'a pas prévu c'est que sa mère, une business woman célibataire, s'entiche de Sosuke, un écrivaillon pauvre et sans ambition et que lui et son fils Haru, un imbécile heureux passionné par la botanique, viennent s'installer chez lui et bouleversent son univers d'une froide perfection. Pour couronner le tout, au contact d'Haru, Kyoko, la seule fille pour laquelle il nourrissait un peu d'intérêt se met en tête d'assumer son amour pour l'art... l'art ! domaine que Katsuyuki exècre bien entendu.
Notre héros rêve de virer les opportuns, mais il n'est au final, pas sûr qu'il sorte indemne de ces rencontres humaines et ne soit quelque peu chambouler par la tripotée de doux dingues qui l'entoure.
Tensai Family Company est une comédie merveilleusement décalée, avec des personnages savoureux (mention particulière pour l'infect mais génial Katsuyuki dont le caractère est très finement brossé tout au long de la série), une histoire originale à souhait (ce n'est pas tous les jours que vous suivrez les aventures rocambolesques d'un trader en herbe) et à la narration soignée, pleine d'humour, d'amour et d'un poil de drame.
En seul bémol, on peut signaler que le dessin peut rebuter ceux qui recherchent une certaine maestria graphique: les dessins de Ninomiya sont simples -voire maladroits- et sans prétention, n'étant là que pour servir de support à ses histoires.
A l'époque de sa sortie Tensai Family Company avait été un complet flop commercial, sans doute à cause des dessins minimalistes et résolument old school de l'auteur et du format peu courant des volumes (environ 400 pages), si elle sortait maintenant -auréolée du succès de Nodame Cantabile (une autre excellente série de Ninomiya)- je ne doute pas qu'elle rencontrerait son public. N'étant aujourd'hui plus commercialisée par son éditeur (racheté par Kaze), les volumes sont facilement trouvables d'occasion à des prix très bas sur internet, alors n'hésitez pas à vous procurer et à dévorer cette série qui est, à mon sens, l'une des plus formidables comédies mangas parues dans nos contrées.