AVIS SUR LES 17 PREMIERS TOMES DU MANGA
C'est typiquement pour découvrir ce genre de manga que je m'étais lancé dans le défi de lire toute l'armoire à manga de ma copine. A noter que celle-ci avait un trou (ayant acheté le 13 sans avoir acheté le 12) et qu'au fil des mois, on a petit à petit complétés la collection jusqu'à arriver au 17e tome, le dernier actuellement sorti. Du coup, la lecture du manga s'est étalée de juillet à décembre 2022.
The Ancient Magus Bride est ce genre de manga qui se bonifie avec le temps. Je me souviens être tombé à la Japan Expo 2015 sur ce genre de mini-tome qui donne juste les premiers chapitres de l'histoire et m'être dit "mouaif, c'est pas pour moi" : dans un monde magique, Chise, une jeune adolescente est vendue à Elias, un magicien dont la tête est un crâne et qui est lui même un être surnaturel. Celui-ci décide d'en faire sa femme.
Autant dire que ce début pose suffisamment de drapeau rouges pour ne pas me donner envie de continuer : je voyais un manga avec une romance qui commençait déjà sur une position d'abus avec un magicien tout puissant qui prend l'héroïne sous son aile, celle-ci découvrant comment s'ouvrir au monde grâce à la bonté de celui-ci. Ça m'enchantait moyen.
Ce début pose assez mal son univers. Car petit à petit la série dévoile un lore magique assez bien foutu. D'abord, on apprend qu'on est pas dans un monde magique mais dans l'Angleterre contemporaine, mais en plus on s'aperçoit qu'il existe un monde magique caché, inspiré des monstres du folklore anglais, irlandais et japonais : on a des dragons, des selkis, des succubes vivants au milieu des humains.
Le premier arc est une montée en puissance de l'exploration de cet univers, de ses lois au fur et à mesure du moment où Chise prend conscience de ses pouvoirs. Celle-ci sortant d'une apathie lié à la détestation de sa vie d'avant (dont on ne sait, toujours, pas grand chose) pour s'ouvrir aux créatures magiques, les comprendre alors que ceux-ci ont déjà du mal à comprendre les humains. La rencontre avec des magiciens de plus en plus puissants (et de moins en moins pardonnables) étoffe vraiment le manga.
Et puis, d'un seul coup, aux alentours du 10eme (ou 11eme ?) tome la série change de concept dans son deuxième arc narratif : Chise et Elias intègrent une école de magie, elle en tant qu'étudiante, lui en tant que prof. Si sur le papier, c'est une mauvaise idée (une école de magie, encore ?) en vrai, cela donne un coup de fouet à la série : celle-ci se remplie de nouveaux personnages (au point qu'il faut un tableau de présentation au début) et on explore beaucoup de nouveaux enjeux avec ces nouveaux élèves. (Et quelques têtes qu'on avait croisée auparavant.)
Et c'est assez raccord avec l'évolution de Chise et du manga, celle-ci s'ouvrant aux autres (Elias aussi) et découvrant enfin l'univers magique qui l'entoure. Le manga explore encore plus la psychologie de ses personnages et leur rapport aux autres, et à ce moment là, je décroche plus de ma lecture.
Entre temps, le rapport que je trouvais malsain entre Elias et Chise, non seulement s'etoffe mais devient quelque chose de plus travaillé que les prémisses du début. On apprend un peu qui est Elias et la figure patriarchale qu'il prenait au début du manga s'effondre peu à peu : on découvre une créature qui non seulement à du mal à comprendre les humains, mais en plus, a du mal à comprendre ce qu'elle est. Il éprouve un attachement pour Chise mais à travers celle-ci il tente de découvrir ce qu'il aime chez les humains. Et à l'inverse, Chise questionne aussi la jalousie qu'il éprouve pour elle et tenter de comprendre l'unicité de leur relation.
On a l'impression que le manga lui-même s'excuse pour le début de son manga et tout en complexifiant son univers, s'interroge sur les rapports des personnages les uns aux autres. Et ça le rend terriblement attachant. Je vais sûrement en continuer la lecture, même si ça m'a l'air parti pour durer super longtemps cette histoire.