Prometteur! (Tome 1)

The AncienEntrez une description du lien icit Magus Bride, nouveau titre des éditions Komikku en ce printemps et présenté par l’éditeur comme la dernière pépite à avoir absolument dans sa mangathèque. Il faut dire que le titre de Kore Yamazaki bénéficier d’une certaine popularité au Japon avec plus d’un million d’exemplaires vendus au Japon. Et l'éditeur n’a pas lésiné pour présenter ce titre flirtant entre le mystique et l’onirisme comme le phénomène du moment. A raison ? A la lecture du premier volume, on peut clairement dire que le titre possède des atouts indéniables pour séduire un large public en France.

L’univers du titre a déjà quelque chose d’assez troublant mais captivant. Kore Yamazaki parvient parfaitement à dépeindre son cadre folklorique le situant dans un monde parallèle où dragons, elfes et sorciers se côtoient. Loin de déstabiliser, on se laisse porter par cette richesse même si ces éléments ne sont pas forcément novateurs si on est adeptes d’héroïc-fantasy par exemple. Néanmoins, il y a une vraie maîtrise chez l’auteure qui s’approprie parfaitement ces divers aspects. On appréciera également le fait que cela n’est pas juste un prétexte mais une partie intégrante de l’histoire. Le tout est sublimé par un ton plutôt doux voire parfois doux-amer. D’autre part, bien qu’on sente davantage un folklore européen détaillé avec une vraie justesse, la mangaka y apporte quelques petites touches nipponnes intéressantes. Avec un univers aussi fascinant, on se dit aisément que la suite pourrait être très accrocheuse.

Il reste que ce premier possède quand même des attentes propres à un tome d’introduction. Ainsi, se concentre-t-on dans un premier temps sur Chisé ; jeune demoiselle dont l’existence semble être un grand mystère même pour la jeune fille. Cette dernière, ayant été habituée à être un rebut, va devoir s’accoutumer à son nouvel univers en compagnie d’Elias. Bien que de prime abord déconcertée par son hôte, elle va finalement découvrir en lui un homme plutôt affable dont l’apparence (un visage empruntant un crâne d’animal ? Et encore, est-ce réellement un animal au sens premier du terme, on ne sait pas réellement) ne reflète en rien son âme, si je peux m’exprimer ainsi. Le décalage du personnage m’a d’ailleurs beaucoup plu puisque finalement, on en vient à le trouver attachant et sympathique avec cette apparence. A son contact, la jeune fille va découvrir un univers propre à l’émerveillement. Par ailleurs, cela va également permettre à Chisé de s’ouvrir quelque peu. Peu habituée à autant de marques de considération, la jeune fille apprend quelque part à être plus confiante même si elle conserve quelques réserves à l’égard d’Elias.

Bien sûr, on se dit que si Elias a acheté Chisé, c’est vraisemblablement pour faire d’elle sa femme comme il le dit à plusieurs reprises. Et on peut également penser que cette information pourrait permettre de faire la part belle à cette relation aussi ambigüe qu’amusante. On arrive aisément à voir que les deux vont devoir s’apprivoiser pour arriver à une forme d’harmonie et développer une confiance mutuelle. Le tout se fait avec quelques moments amusants qui ne manqueront de laisser notre héroïne coite. Il faut dire que le personnage d’Elias est assez énigmatique : il dit souvent les choses comme si elles coulaient de source et sa spontanéité s’avère désarmante. Il ne semble guère se préoccuper des détails tant qu’il atteint sa finalité. C’est notamment cette opposition de caractère qui donne un charme indéniable au titre. Sans pour autant oublier les quelques enjeux plus sombres qui se mettent en place. En effet, on nous rappelle à plusieurs reprises le lourd passé de l’héroïne, sa condition de « Slay Vega » dont on ne sait pas encore tout mais juste qu’elle possède, sans qu'elle en ait pleinement conscience, des pouvoirs extrêmement puissants. Quant à Elias, s’il veut faire de Chisé sa disciple comme son épouse, on ne peut s’empêcher de se demander quelles sont ses motivations sous-jacentes. Le personnage ne paraît pas tout dire, ce qui donne un côté encore plus mystérieux au titre. Cela est renforcé par la palette de personnages que nous découvrons au fur et à mesure et qui ne manquent pas d’être surpris en découvrant la nature de Chisé. Est-ce qu'ils en sauraient plus?

On ne peut pas pour autant dire qu’un vrai fil conducteur se met en place pour le moment même si quelques points sont abordés. Il me semble un peu difficile de savoir si la série s’orientera sur une thématique manichéiste ou si cela sera plus complexe qu’il n’y paraît. Toutefois, c’est peut-être parce que plusieurs scenarii sont possibles qu’on se laisse encore plus embarquer par le titre et qu’on accroche à ce qui est proposé. L’intérêt semble croissant (notamment la fin du volume), ce qui est une bonne chose dans une intrigue.

Il faut souligner l’excellent travail de la mangaka sur les dessins. Le style est un peu atypique mais en même temps, on appréciera le crayonné. Et même si le chara-design des personnages n’est pas forcément original, l’univers comble ce petit manque notamment lorsqu’il nous présente certaines créatures.

Du côté de l’édition de Komikku, on sent que l’éditeur a été très pointilleux. La qualité est au rendez-vous que ce soit au niveau de la couverture, du papier et des pages couleurs au début. Un joli travail qui ne fait que confirmer l’envie de poursuivre la lecture du titre.

Autant le dire, dans l’univers du shônen, The Ancient Magus Bride fait figure de titre marginal. Mais, c’est cette même marginalité qui confère au titre un charme particulier où l’univers se mêle parfaitement aux personnages. Une très bonne surprise que ce début qui ne demande qu’à s’étoffer encore plus.