The Authority (Wildstorm Deluxe), tome 2 par arnonaud
On tient là une petite merveille ! Certainement l'uns des meilleurs récits de Millar avec Superman : Red Son. On sent qu'ici Millar va vraiment au bout de son concept et ça fait plaisir. Il a des idées à la pelle, il est provocateur comme jamais, et qu'est-ce que c'est bon ! Surtout quand toute une partie de l'album est illustré par ce frapadingue de Frank Quitely avec ses designs complètement hallucinés.
Le run d'Ellis paraît bien consensuel quand on voit ce Millar déchaîné qui arrive aux commandes. Il offre enfin ce que je voulais voir avec Authority, une bande de super-mecs qui se mettent à bouleverser l'ordre mondial pour offrir un monde meilleur car ils en sont CAPABLES. Une dictature en Asie du Sud-Est, ils vont exploser la tronche (avec un peu d'ultra violence et d'insultes, l'histoire de rajouter un côté bien provoc') du dirigeant et abritent les réfugiés dans leurs vaisseaux. C'est aussi simple que ça. The Authority va aussi devoir faire face aux catastrophes naturelles qui menacent le monde, ce qui change un peu des armées tombant du ciel du volume précédent. Voir toute l'équipe face aux éléments déchaînés est vraiment intéressant.
Mais la plus grosse menace à laquelle ils devront faire face sont certainement les intérêts des pays les plus riches qui voient forcément d'un mauvais oeil ces super-humains s'immiscer dans la politique et l'équilibre mondial. Et c'est là qu'on voit que Millar est anglais vu le portrait qu'il dresse de l'Amérique début 2000 et de sa politique. L'Authority va devoir faire face à une contrefaçon des Avengers version G.I. américains complètement débile, vulgaire, raciste et sans morale... Les lecteurs US ont dû être contents.
Donc voilà, Millar joue complètement le sale gosse et c'est jouissif. Il fait n'importe quoi, avec Jack Kirby lui même qui devient un scientifique fou au service de l'armée américaine, créant une armée de surhommes, avec moults scènes d'ultra violence ou encore des personnages qui disent leurs 4 vérités aux dirigeants des pays les plus riches du monde, des pays par ailleurs complotistes à souhait et complètement crapuleux... On pourrait aussi citer les prisons futuristes dans le passé où l'on emprisonne les grands criminels, et les portraits d'ordures immondes que nous fait Millar, avec des personnages purement nihilistes, qui aiment défoncer les héros ou, je cite, "se masturber en pensant à Hiroshima". Bref, vous l'avez compris, le scénariste multiplie les concepts hallucinés, toujours dans la poésie et la finesse.
C'est cette liberté de ton qui donne toute sa force à son run sur the Authority. Millar saisit la chance qu'il a de faire ce qu'il veut ou presque pour offrir des séquences improbables qu'on ne verrait certainement jamais chez les Big Two. Surtout que the Authority, en tant qu'équipe protectrice de la Terre Entière se paye toujours des menaces à la puissance dépassant toute mesure qui offrent leur lot de séquences apocalyptiques.
Franchement, ce run est vraiment excellent, c'est un blockbuster qui n'a pas besoin de faire dans le consensuel, de préserver le statut quo... Certainement le genre d'histoires over the top que pas mals de fans de comics super-héroïques ont eu envie de lire un jour ou l'autre. C'est grand, c'est beau, c'est libre, et c'est plein d'amour pour ses personnages principaux.