Mi-figue, mi-raisin, et mitigé aussi. C’est dans ces dispositions que je ressors de ma lecture de The Black Swindler. Un aveu, pour commencer, pas un qui me grandit mais peut-être un qui fera sourire. Dans la longue liste des mangas qui me furent recommandés par mes chers et estimés abonnés – faut bien les flatter pour qu’ils lâchent une appréciation ceux-là – y figurait un certain « Kurosagi, livraison de cadavres ». J’ai donc entamé la lecture de cette œuvre quatorze volumes durant avant de me rendre compte que je ne lisais pas celle qui me fut suggérée puisque The Black Swindler était aussi distribué sous le nom de Kurosaki. Aussi, Kurosagi livraison de cadavres sera pour demain.


Ce fut toutefois une erreur pour le moins heureuse – bien qu’en demi-teinte toutefois – que fut la mienne. Des découvertes convenables, du moins, qui se laissent lire sans qu’un cri de rage désespéré ne vous échappe du gosier à chaque page qu’on tourne, il s’en trouve peu. De moins en moins. Aussi quand une intrigue reposant sur la juste maîtrise du droit japonais, avec une documentation nourrie à la clé, vous ouvre ses pages, il faut savoir dire « merci » pour ce que le plat avait de comestible. Comestible et, néanmoins, peu goûteux.


Ce manga-ci, dans le principe, m’aura alors rappelé Liar Game. Que les priapiques contiennent leur joie indécente toutefois ; la comparaison ne vaut que pour les grandes lignes, celles qui s’écrivent en gras. Il est question donc de jeux d’esprit, cette fois en lien avec le droit, sa manipulation ainsi que ses limites dans le cadre des arnaques. Kurosagi – qui, celui-ci, ne livre pas les cadavres – arnaque les arnaqueurs. Il teste toutes les limites de leurs magouilles pour les retourner contre eux à l’aide de sa connaissance du droit des affaires et de quelques soutiens de bon aloi. Des criminels notamment.


Excepté ses répressions de fraudes illégales, il mènera une quête pour se venger de l’arnaqueur ayant causé le suicide de sa famille dont il fut le seul rescapé. Cet antagoniste n’étant alors nul autre que son principal employeur.


Sur le papier, il y a tout pour plaire – même si le dessin est assez relativement rudimentaire bien que s’affairant convenablement à faire son travail – avec des manigances très noueuses et travaillées… seulement, ça ne fait pas tout. Liar Game avait des personnages écrits de la main gauche, un trait minimaliste non par choix, mais faute de mieux et pourtant, quand l’intrigue et ses tenants chatouillaient l’esprit ; il y avait de quoi être subjugué. Pas ici.


C’est bien écrit pourtant, les recherches sont effectivement au rendez-vous, on en apprend beaucoup… mais seulement, la mise en scène absente et l’adversité qui l’est tout autant nous conduit à lire le compte-rendu d’un documentaire sur la répression des fraudes… et ça n’est pas passionnant. Il s’en serait fallu de peu pour rendre le tout un peu plus passionnant, mais on effleure chaque fois les cas pratiques à la surface. L’arnaque nous est présentée, tout ce qui se rapporte aux aléas contractuels et légaux y compris, le personnage principal échafaudera un plan dont nous ne ne saurons tout qu’à la fin et, toujours… il triomphe. Trop facilement ; c’est une balade.

Il lui arrivera parfois de se prendre les pieds dans le tapis, ce bon Kurosagi, mais toujours pour retomber sur ses pattes en affichant un sourire triomphal. L’intrigue principale quant à elle, est assez cliché il faut dire et mènera à une conclusion qui, si elle n’est pas originale, reste acceptable bien que se rapportant très franchement à un cliffhanger mesquin.


Pour qui est affamé de jeux d’esprits en liens avec le droit, il y aura ici de quoi se satisfaire sans toutefois s’ébaudir. Je ne regrette pas en tout cas de m’être gouré de manga pour tomber sur celui-ci. C’est drôle à dire, mais navrant à considérer : cette erreur malencontreuse dans le choix de l’œuvre que je me suis désigné fut pour moi plus heureux que de tomber délibérément sur un manga à succès dont je devais faire la recension.

Josselin-B
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le 18 sept. 2024

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Josselin Bigaut

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