Tales from childhood by an old man for (young) adults


Mise en garde



(Si vous n'avez pas envie de vous la farcir, passez au chapitre suivant même si je vous le déconseille fortement)


Cette critique va être difficile pour moi je le sens. En effet, il va falloir que je réussisse à vous parler de ce sublime comics qu’est Moonshadow tout en gardant une part de subjectivité (voyez c’est déjà mal parti), dans le but à la fois de vous le faire connaître, mais également de vous le faire aimer. Jusque-là vous allez me dire, rien d’anormal, c’est un peu le but de toute critique que de faire naître une irrésistible envie chez le lecteur assidu… Je répondrai que oui en effet, sauf que je préfère d’ores et déjà vous prévenir lire ce comics ne sera pas chose aisée, et à cette affirmation je viendrais apposer deux arguments. Tout d’abord Moonshadow n’a jamais été traduit en Français, vous ne le trouverez donc qu’en Anglais et en Italien (ne me demandez pas pourquoi, je serais bien incapable de vous répondre). Et autant vous le dire tout de suite, c’est de l’anglais très littéraire donc évidemment c’est un peu plus compliqué à appréhender. Mais je vous rassure, je n’ai pas un niveau d’anglais irréprochable (loin de là) et mis à part quelques subtilités, j’ai été tout à fait à même de comprendre. Et enfin, je ne l’ai trouvé qu’en occasion et à un prix assez onéreux (mais assez raisonnable compte tenu que l’intégrale regroupe les douze tomes parus à ce jour). Voilà c’est dit. Pour ceux que j’aurai rebutés par ma mise en garde je ne dirai qu’une chose : « Fuyez pauvres fous ! ». Les autres, approchez-vous d’un peu plus près, j’ai une histoire à vous conter…


Il était une fois un petit garçon qui s'appelait Moonshadow, fils d'une hippie au grand cœur du nom de Sunflower et d'un extraterrestre de forme sphérique et lumineuse porteuse d'un sourire ironiquement figé, de l'ours le moins mignon qui soit, et d'un petit chat...


Et ce comics est le recueil de leurs itinérances. Car en effet, ils vivront au cours de cette intense aventure de près de 400 pages, bien plus de choses qu’une vie peut en supporter… Ou alors au contraire est-ce une manière romancée de décrire la vie et tous les aléas heureux ou non qui la parsème… Qui suis-je pour le dire ? Il n’en reste pas moins que pendant ces 400 pages, l’on se surprend à suivre avec délice les mésaventures de cette petite troupe de fortune, qu’on apprend petit à petit à aimer malgré les différences de chacun. Mais bien plus que ça, et l’extrait du poème de William Blake « Introduction to the songs of innocence » subtilement placé au tout début du livre est là pour nous le rappeler, c’est avant tout une histoire sur le passage de l’enfance à l’âge adulte, passage qui s’opèrera sur le petit Moon’ au gré des épreuves qui se présenteront à lui. Ainsi, l’on ne peut qu’éprouver une tendresse infinie pour Moonshadow, tant sa naïveté et sa gentillesse, tant son regard d’enfant pourtant si mature sur le monde qui l’entoure peut être touchant. Seront donc traité ici avec une justesse inégalable, ces thèmes intemporels que sont la folie, la guerre, les désillusions, la vieillesse, la mort, les souvenirs mais plus que tout encore, imprégnant indéniablement l’œuvre au plus profond de son essence, l’amitié, l’amour, en bref : la vie, la vraie avec tout ce qu’elle habite de plus terrible et de plus beau.


Mais voilà, le livre touche déjà à sa fin, et c’est avec une profonde tristesse que ce voyage initiatique se termine. On referme alors le livre et on le range sur l’étagère, en ne pouvant s’empêcher d’avoir le sentiment d’avoir vécu là une aventure, en somme, tout à fait merveilleuse. Et puis on se remémore et on sourit parce que quand même, cette aventure valait vraiment le coup d’être vécue.


Mais je vous le demande, que serait donc ce comics sans les merveilleux auteurs qui y ont dûment contribué ? J’ai donc l’honneur de vous présenter d’une part le fabuleux John DeMatteis et d’autre part le tout aussi fabuleux Jon J Muth. Un tonnerre d’applaudissements pour ces deux gentlemans je vous prie ! Pour tout vous dire, je connaissais John DeMatteis par son excellentissime comics autobiographique Brooklyn Dreams (une merveille, je recommande sans hésiter), et c’est cela qui m’a amenée à faire la connaissance de Moonshadow dont il soigne ici le scénario. Pour Jon J Muth, par contre, c’est une véritable découverte et un tout aussi véritable coup de cœur ! Ces dessins réalisés à l’aquarelle sont de véritables chefs-d’œuvre ! C’est qu’il a un talent fou le bougre... Finalement on aura rarement vu collaboration si complémentaire tant le scénario et les dessins forment ici un ensemble d’une incontestable beauté poétique alliant à cela un soupçon omniprésent de science-fiction, ce qui devrait ravir (tout comme moi) les aficionados du genre.


Vous l’aurez sans doute compris, si vous m’avez suivie jusqu’ici, Moonshadow m’émeut au plus haut point, et il est extrêmement dur de faire parler autre chose que ma sensibilité tant ce comics demande de la laisser s’exprimer pour l’apprécier à sa juste valeur. L’on voit rarement de conte fantastique pour adulte aussi riche et aussi imaginatif, et Moonshadow, dans ce contexte là et en tant qu’œuvre à part entière reste pour moi un des chefs-d’œuvre du genre.


Sur ce je vous laisse, tout comme Moonshadow, il est temps pour moi d’aller vivre ma vie... Merci d'avoir pris le temps de me lire jusqu'au bout, si par ces mots j'arrive à convaincre ne serait-ce qu'une personne, ma tâche sera déjà accomplie !

Gabrielle_Goudet
10

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Créée

le 9 avr. 2016

Critique lue 551 fois

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Rockatansky

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