"Protéger sa mif', opérer la nuit, Protester à vie, 3.14 Attitude"

The Crow, mon comics préféré, pour sa poésie, pour ses références, pour l'origine de son histoire, pour son aspect visuel tantôt propre, tantôt brouillon, selon les circonstances. L’œuvre d'une vie. Celle de James O'Barr. Tout comme son film, le premier comics du nom est victime d'une série de titres secondaires racontant l'histoire d'un nouveau personnage. Généralement similaires, sans aucun rapport avec les thématiques de Eric Draven si ce n'est le schéma du corbeau et de la violence. Seulement, ce volume-ci se trouve être bien différent.



L'Effet Corbeau



Pour resituer l’œuvre, James O'Barr ne s'est occupé que du synopsis, laissant l'artiste s'occuper du découpage scénaristique, des dialogues et des planches. Autant dire que nous avons droit à une toute autre vision de cet effet corbeau par ce Jim Terry qui m'était jusqu'alors complétement inconnu. C'est donc à travers ce regard neuf que je découvre, avec bien évidemment, et comme toujours, une certaine appréhension ce volume (en singles VO, je précise). Ce premier numéro m'a laissé dans le brouillard le plus total concernant le personnage principal, qui a toujours été présenté et un minimum développé dès les premières pages. Ici. Rien. Nous ne savons rien. Ce qui le rend des plus intéressants, mais je préfère y revenir par la suite.


L'histoire en elle-même se situe dans un camp de concentration, je vous laisse deviner vers quelle époque, et se présente sous forme de huis-clos où la neige, présentée dès les premières pages comme quelque chose de beau, de symbolique, n'est qu'un beauté façade. De la poudre aux yeux. Puisque cette nuée permanente de flocons ne fait que refermer le décor sur les ennemis qui seront enfermés par ce mur de glace si ce n'est pas les limites des cases vers lesquelles ils se tassent pour fuir la menace. Un cadre qui semble à première vue assez simpliste, de plus que les nazis sont diabolisés de manière particulièrement simpliste, ce qui m'a dérangé à la première lecture, cependant, ce défaut peut être vu différemment. Premièrement, nous pouvons avoir cette idée que ces soldats représentent cette manipulation de l'époque, ce qui serait assez ambigu et maladroit, et deuxièmement, qui est le point de vue que j'ai par rapport à la chose, est que cette diabolisation est purement volontaire dans le but de faire de ces nazis la représentation physique de ces "démons qui grouillent dans notre propre cœur". Et de cette manière, c'est terriblement beau. Ce qui est véritable concernant le responsable de ce camp de concentration, qui est un peu, LE grand méchant de l'histoire, qui subit une caractérisation qui appuie encore plus ma théorie, ainsi que ma citation de par le rendu visuel de sa dernière apparition dans l'album.



Son petit cœur lui crie vengeance



Si je parlais bien de thématiques du comics original, la vengeance est bien la première thématique à ressortir. Elle est par ailleurs bien présente dans chacune de ces représentations puisqu'elle est également liée à chacune des autres "adaptation secondaires" du titre. Le problème majeur de ces autres personnages ont été que leur vengeance était généralement mal écrite vis à vis de leur caractérisation. L'auteur essayait de retranscrire la beauté et la poésie du comics original et d'accomplir une vengeance bateau. La poésie est entièrement délaissée dans ce nouveau volume. Aucune beauté, aucune grâce, aucune pitié. Ce personnage-ci n'est plus que vengeance et violence. Ne prend parti de rien, si ce n'est que lui-même. Ce qui le rend des plus intéressants est justement cette absence de caractérisation dont j'ai fait mention plus haut. Là où ces nazis représentent les démons du passé, comme les démons personnels du personnage, il est l'incarnation de la vengeance d'un peuple innocent, la vengeance personnelle de chacun. De plus, la fragilité psychologique de ce personnage, poussé par sa vengeance, elle-même poussée par ses pulsions sanguinaires, révèle en nous ces mêmes pulsions. Comme le désire de vouloir encore élever le niveau de la violence déjà extrême. Toute cette violence qui se justifie pourtant dans les représentations et dans ses thématiques.


La partie graphique assez spéciale, par certaines planches assez simples et un design très cliché pour ce qui est des uniformes, brille lors des scènes d'action, des mouvements donnés, des expressions faciales parfois exagérées gravées sur les visages des personnages. Une mise en page et une sélection des plans qui aurait pu être améliorée sur certaines scènes qui auraient méritées d'être encore plus mises en avant, qui fait que cette série qui aurait pu se révéler être une véritable petite perle parmi les séries secondaires arborant le signe du corbeau finit comme un titre aux nombreuses qualités, mais qui restera au final un bon moment anecdotique parmi nos lectures de comics. En revanche, le nom de Jim Terry est à retenir, car malgré son côté très maladroit dans ses choix, il possède un certain talent qui pourrait bien le mener sur le devant de la scène indépendante un jour.


Donc je ne saurais que vous conseiller cette lecture, qui ne révolutionnera pas votre vision des comics que ce soit en général ou des comics indépendants, mais qui aura pour sûr le mérite de surprendre les fans du The Crow d'origine de par ses qualités, mais qui jamais, ne saura remplacer le personnage de Eric Draven. Un récit complet, court, mais qui peut plaire aux fans de comics horrifiques, et à ceux ayant la capacité de fermer les yeux sur les quelques maladresses du scénariste.


"It Can't Rain All The Time... "

Watchful
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le 19 avr. 2016

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