Kevin K. Vaughan, en BD, c’est pas loin de ce qui se fait de meilleur. Le méta, en BD, (la BD dans la BD, quoi.) si ça peut être bancal ou casse-gueule ( I am hero …) , ça peut aussi engendrer ce qui se fait de mieux dans la discipline (de Scott Mc Cloud à Satoshi Kon). Alors K. Vaughan qui donne dans le méta, on peut s’attendre à un feu d’artifice… Et comme les Peugeot de la pub, on l’a.
Des auteurs de BD (fictifs, dans la BD) tentent de faire renaître une licence oubliée, The Escapist (qui aurait vraiment existé dans les années 40. Je reviendrai sur l’emploi ici du subjonctif, ça a son importance…). Voilà le pitch, qui d’après la couverture, est inspiré d’un roman narrant les aventures (réelles ? imaginaires ? authentiques mais romancées ?) des auteurs de la vraie BD de notre plan à nous (le The Escapist des années 40, donc.). Vous suivez ?
On suit donc les aventures du trio d’auteurs, et les avancées de leur création, qui évidemment, se superposent à leur propre vie ; par exemple, les héros de la BD dans la BD tombent amoureux, reflétant les liens que tissent leurs auteurs. Les dialogues de ces derniers se superposent à ceux de leurs créations pour commencer à mêler réel et fiction… Puis, on en vient à se demander ce qui est vrai, faux, inspiré du réel ou complètement inventé… Tous les niveaux de lecture s’appellent The Escapist : la BD que je critique ici, la BD dans la BD, et celle des années 40 dont s’inspirent à la fois Vaughan et ses personnages… Si elle a vraiment existé ! Alors nous voilà contraint à aller voir en dehors du volume, sur Wikipédia ou ailleurs, si il y a bien eu un The Escapist dans les années 40… Les aventures que nous lisons sortent ainsi du cadre de leurs cases : s’échappent. (« the escapist »… « s’échappent… » Vous l’avez ?). La notion « méta » floute les frontières du réel et de la fiction, quand au même moment, le héros (The Escapist) des héros (les auteurs) est prisonnier de son imagination, ne sachant plus ce qu’il vit et ce qu’il rêve. On en vient même à se demander si les pages qui concluent chaque numéro (6 en tout) relatant le « golden age » des comics (l’avant 2nde guerre mondiale) ne seraient pas du domaine du « docu-menteur ».
Le héros de Vaughan a hérité de tous les numéros du Escapist original, sauf le #17. Il met bien la main dessus, à un moment, mais préfère s’en débarrasser, de façon à ce qu’il lui reste toujours au moins une histoire qu’il n’aura pas lu. De la même manière, je ne suis pas allé voir ce qu’il en était d’un Escapist 1940, s’il a existé ou non, pour garder cette part de mystère qui rend ce titre si unique…