Engouffrant tout son héritage pour ressusciter une légende oubliée de l’Âge d’Or des comics, et adulée par son défunt père, The Escapist, Maxwell Roth tente une carrière de scénariste. Mais il doit faire face aux difficultés du milieu et au regard de fans qui voient d’un mauvais œil cette modernisation d’une idole de leur enfance.
Brian K. Vaughan s’inspire là du roman de Michael Chabon Les Extraordinaires Aventures de Kavalier et Clay, qui valut à son auteur le prix Pullitzer en 2001. Hommage à la passion qui anime les auteurs de comics, ce volume interroge le lien entre industrie mainstream et production indépendante aux Etats-Unis, dans ce microcosme si particulier de la bande dessinée. Et à ce titre, le personnage du lettreur se révèle particulièrement bien trouvé.
Démultipliant les mises en abyme, The Escapists élabore une parabole sur l’imagination créatrice et métaphorise, à travers son titre, la posture à adopter par l’auteur qui souhaite faire sa place dans l’univers du comics. Devenir un maitre de l’évasion, c’est ainsi savoir échapper à la mainmise des majors qui pourrait brider la créativité, mais aussi parvenir à se libérer des patronages et figures tutélaires trop pesants pour s’affirmer en tant qu’individu et véritable auteur.
Le titre se caractérise en outre par un travail graphique recherché puisque différents dessinateurs se relaient selon la nature du récit : outre les aventures de Maxwell qui servent de cadre à l’ensemble, on trouve différentes versions de The Escapist, et notamment celle imaginée par notre héros. Un mélange des styles stimulant qui densifie la lecture et lui octroie une portée réflexive discrète mais bien réelle.
Le volume est complété par une surprenante préface de Michael Chabon et par une série de couvertures des numéros de la série réalisées par de grands noms tels Frank Miller, James Jean, Paul Pope ou encore Alex Ross. C’est dire si l’ouvrage occupe une place singulière dans le paysage actuel du comics.
Chronique originale et illustrée sur ActuaBD.com