C'est le plus gros lancement jamais effectué par Kazé, et l'un des plus importants de l'histoire du manga en France. L'éditeur affiche en effet avec "The Promised Neverland" de hautes ambitions, et il a de quoi: un titre séduisant pour lequel tous ses concurrents ou presque se sont battus. Un titre du coup condamné au succès ? Si l’on s’en tient aux qualités intrinsèques du titre, certainement.


Comme nous vous le présentions l’an dernier dans notre série "Du Côté du Soleil Levant", ce manga, signé par deux jeunes auteurs - un scénariste, Kaiu Shirai, et une dessinatrice, Posuka Demizu - renouvelle réellement le genre du shonen.


Il fait souffler un vent de fraîcheur sur tout le genre, par ses thématiques, plutôt matures, par la nervosité de sa narration, d’une rare efficacité, sans aucune fioriture ou presque, et par son dessin, assez en marge, sans toutefois être pleinement en rupture, avec les codes graphiques auxquels la locomotive du manga qu’est le Weekly Shonen Jump nous avait habitués. Voici ce que nous en disions pour en situer l’action :


"L’intrigue de The Promised Neverland débute dans un orphelinat de campagne, à l’ambiance un peu surannée mais qui a tout d’une utopie : Gracefield House. Une vingtaine d’enfants, de bébés à quelques pré-ados d’une douzaine d’années, y sont choyés par une "Maman" qui veille sur leur santé et promeut un enseignement exigeant et humain. Les enfants participent en outre, chacun à son échelle, à la vie de la communauté, les plus grands animant les jeux des plus petits et parfaisant leur éducation. Voilà pour le premier chapitre, jusqu’à une révélation macabre qui fait basculer le titre dans le fantastique et l’horreur.


En effet, l’orphelinat se révélè être une ferme dans laquelle les enfants - à qui l’on a tatoué des numéros pour les identifier... - sont élevés jusqu’à un certain âge, dicté par leurs facultés intellectuelles (les plus brillants bénéficiant d’une longévité plus grande), pour être ensuite dévorés par d’effroyables créatures à l’apparence de démons, véritables régisseurs de cet univers renouvelant de manière pertinente la figure de l’Ogre des contes de fée. Bien entendu les enfants n’en savent rien, mais les trois aînés découvrent le pot aux roses à la suite d’un concours de circonstances.


Dès lors, ils amorcent un projet de grande évasion pour s’échapper de cet enfer, tout en embarquant l’ensemble de leurs petits frères et petites sœurs ! Une entreprise démesurée à mener sans éveiller les soupçons d’une Maman qui apparaît peu à peu de plus en plus retorse et manipulatrice."


On le voit, le projet de The Promised Neverland se présente comme atypique. Il se positionne dans cette tendance des dark shonen, avec toutefois une particularité notable. Jump oblige, ses héros demeurent positifs et la nature combative de ses personnages constitue toujours le moteur de l’action. Pas de lamentations qui s’étirent ni d’états d’âme pénibles, et surtout pas de protagoniste torturé phagocytant le récit. Emma, la meneuse du trio de héros, s’avère un monstre d’optimisme et impose à ses comparses des conditions de réussite absolues qui ne laissent pas de place à l’égoïsme et à la médiocrité.


Du fait de cette atmosphère et de l’importance de la psychologie dans l’affrontement qui se met en place, The Promised Neverland pourra rappeller le culte Death Note. Mais grâce à la nature de ses personnages il se démarque de son illustre ainé en apparaissant nettement moins trouble. On peut néanmoins s’interroger sur le lectorat visé : difficile de faire lire la série, notamment son début, aux enfants encore à l’école élémentaire. Il faudra plutôt compter sur la maturité de lecteurs collégiens et lycéens - à partir de 12 ans en somme.


Chronique originale, complétée et illustrée, sur ActuaBD.com

seleniel
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le 11 avr. 2018

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