The Last Days of American Crime, intégrale par Kabouka
Les dessins absolument superbes, comme j'en ai rarement vu dans une BD, magnifient cette histoire de criminels borderline et de monde crade jusqu'à la moelle. Graham, Shelby, Kevin, le trio d'associés malgré eux, réunis pour un ultime casse, le casse du siècle, le casse du millénaire, car les États-Unis vont lancer leur programme ultra sécuritaire, intitulé avec la plus belle des langues de bois "Initiative de Paix Américaine". La paix, oui. La sécurité au prix de la liberté. Des ondes qui vous empêchent, sur tout le territoire des États-Unis, de commettre quoi que ce soit d'illégal. Belle ambiance, n'est-ce pas ?
Ce cadre amoral et dégueulasse sert de toile de fond à cette histoire aux multiples embranchements, qui réussit à emmener le lecteur au gré de ses rebondissements, des nouveaux personnages qui entrent en jeu pour intervenir dans ce casse de folie, emmener son lecteur donc de plot twist en plot twist sans jamais le perdre ni le lasser. Tout s'enchaîne avec habileté et fluidité de narration, au rythme des taches de sang qui éclaboussent les planches, du dessin dynamique, magnifique et coloré de Greg Tocchini, pour cette histoire à cent à l'heure où les frontières éthiques entre criminels et gens de la légalité sont bien floues. Un réjouissant petit trip à l'esprit résolument anarchiste et iconoclaste, où les insultes, les cadavres et les gangsters prolifèrent.
Polar sexy et survolté, jouissif et stressant, jamais pénible pour le lecteur malgré ses rebondissements et son intrigue aux nombreux fils. En prime, chacun des trois tomes de ce comics est édité avec des artworks et autres qui sont de toute beauté. Et je ne parle pas de l'élégance insolente et violente des couvertures. Shelby et ses sous-vêtements à étoiles se promènent, icôniques, au milieu de cette histoire survoltée et superbement dessinée. Jouissif, sans temps mort, prenant le temps de poser son ambiance pour mieux nous embarquer à mille à l'heure au son des coups de pistolet, c'est un comics qui me plaît. J'en reprendrais bien, si cette conclusion n'était pas aussi parfaitement menée.