Just Like a Woman, c'est d'abord et avant tout un film d'une mélancolie incroyable, plein de torpeur, d'élégance et de douce amertume de la vie.
Cette histoire de deux femmes délaissées par le sort qui décident de se prendre en main, le temps d'un road-movie envoûtant, est une histoire forte, toute en délicatesse et en profondeur. Les actrices sont excellentes; les images sont belles mais un peu délavées, comme le monde dans lequel elles vivent; la réalisation est tout en subtilité, le cinéaste ne cherchant à produire de l'exercice de style virtuose mais un peu stérile, à nous montrer l'étendue de son talent, et il ne vise pas la beauté des images pour elles-mêmes mais en ce qu'elles servent à son film, et c'est très beau à regarder; les danses et la musique participent évidemment de l'envoûtement général, et une chose est sûre, c'est un film qui donne envie de voir de la danse orientale.
Mais c'est aussi un film sans faux-semblants mais pas sans nuances sur l'Amérique, en particulier sa relation au monde arabe; d'ailleurs, je dis l'Amérique mais cela nous parle tout autant, à nous petits français, qu'à nos cousins occidentaux d'outre-Atlantique. C'est une Amérique des pauvres, des petits, des délaissés qu'on voit là, mais pas une Amérique dénuée d'espoir ou de beauté - à l'image des deux héroïnes principales.
C'est beau, c'est mélancolique, c'est un de ces films qui vous laissent une douce saveur, très belle mais aussi très triste, d'une élégante mélancolie, qui vous entraîne dans sa danse et vous pousse à penser. Oui, c'est un film qui incite à prêter un peu plus d'attention à ses voisins, quels qu'ils soient, et à vouloir un peu moins vite les juger. Et quand on voit l'actualité de notre propre pays, je me dis que c'est un film qui serait utile à beaucoup de gens.