Quelle tristesse que les comics The Mask soient aussi peu connus par rapport au film ! Non pas que je déteste celui-ci (j'ai grandi avec, forcément, ce fut un des films cultes de mon enfance, et malgré ses défauts j'ai beaucoup apprécié mon dernier visionnage en date), mais les comics sont tellement différents, et tellement uniques...
Tout commence lorsque Stanley Ipkiss, mec moyen pas fort sympathique, décide d'acheter à sa copine un masque décoratif qu'elle a repéré peu avant, afin de se faire pardonner ses nombreux accès d'humeur. Le petit couple se rabiboche, mais pendant la nuit, alors qu'Ipkiss se rend aux toilettes, il découvre le masque posé sur la cuvette. Intrigué, il décide de l'essayer... et il se met à changer. Le porteur du masque possède de nombreux pouvoirs, notamment une immortalité bienvenue, et globalement la faculté de devenir véritablement un toon vivant. Mais surtout, le porteur du masque a soif de vengeance, et Ipkiss étant une quiche, la liste de ses ennemis est longue... L'inspecteur Kelleway, enquêtant sur les meurtres du "Big-Headed Murderer", comme il es appelé, est complètement à la merci du déferlement de violence qui s'ensuit.
Le masque ne reste pas longtemps à Ipkiss, puisque c'est Kelleway qui finit par le récupérer (je ne vous dis pas comment). Les habitués du film voient directement que ce n'est pas du tout la même chose : ce n'est absolument pas le même Ipkiss, ses motivations sont totalement différentes, de même que l'intrigue, et c'est largement censuré (dans le comics, y a quand même un gars qui se fait remplacer le crâne et la colonne vertébrale par un pot d'échappement, portant la peau du mec, pour donner une idée). Seuls quelques passages iconiques sont repris, quoique largement modifiés (les garagistes, les ballons, le torero, l'assaut de l'appartement d'Ipkiss...).
The Mask est une oeuvre beaucoup plus sombre, dotée d'un humour noir corrosif, dans un style qui tache très nineties. Le dessin et la mise en page sont d'ailleurs soigneusement étudiés pour. J'ai particulièrement aimé cette planche où Ipkiss se fait cribler de balles, et où les gerbes de sang débordent en-dehors de la case vers le reste de la planche. Le personnage brise régulièrement le quatrième mur, et ses bulles de parole elles-mêmes sortent des cases.
Bref, c'est vraiment du bon. J'ai bien conscience que le processus d'adaptation d'une telle oeuvre serait difficile, mais je serais vraiment intéressé si l'un ou l'autre cinéaste suffisamment talentueux décidait de produire un reboot cinéma.
Dans tous les cas, une oeuvre dotée de beaucoup de personnalité, à recommander sans hésiter ('fin, c'est pas à mettre entre toutes les mains, mais on se comprend).