Oliver Queen est en conférence téléphonique avec ses associés de Q-Core qui se plaignent de ne pas l’avoir en visuel. Pendant ce temps là, Green Arrow (oui c’est la même personne, et alors, vous êtes pas capables de faire deux choses en même temps vous ?) court sur les toits de Paris à la poursuite de jeunes idiots métahumains (comme si les pouvoirs allaient de paire avec la stupidité) qui s’amusent à faire des casses en tout genre, tout en se filmant, pour poster le bazar sur Youtube l’heure qui suit. Oui, faut avoir de la suite dans les idées.
« Tu ferais quoi toi petit, si tu avais des super-pouvoirs ?
- Oh ben facile, je volerais des gens, je les taperais très fort et je montrerais ça à tout le monde sur Internet ! »
Quelques flèches aux propriétés supersoniques plus tard, voilà Oliver qui rentre à Seattle et se pointe au bureau comme une fleur. Il faut savoir que Q-Core lui fournit officieusement son matos de super-héros (il se permet même d’emprunter à son entreprise des techniciens pour lui servir de liaison de terrain). La firme est normalement spécialisés en Q-phones et autres Q-pads. Cela vous rappelle quelque chose ? Toute ressemblance avec la réalité est purement fortuite. Ou pas.
D’abord scénarisé par J.T. Krul, qui écrivait déjà le titre avant les New 52, celui-ci à quitté la barque rapidement (au bout de trois numéros) pour laisser sa place aux mecs spécialisés dans l’intérim chez DC : Dan Jurgens (qui dessinait déjà le titre) et Keith Giffen. Voici typiquement la série qui souffre de ses duos créatifs qui changent tous les trois épisodes. L’empêchant d’avoir une continuité dans sa narration. Le personnage d’Oliver Queen, ici plus jeune et rebelle encore que d’habitude, dans cette version New 52, manque pour le coup, cruellement de profondeur. Les scénaristes n’ayant pas pris le temps de développer. Il se veut impulsif, manque de cadrage et n’en fait qu’à sa tête. Sans doute à cause de son statut d’orphelin, un manque d’éducation profond aurait pu se faire sentir, les auteurs auraient pu jouer un peu là dessus, ou sur n’importe quoi d’autre d’ailleurs, mais non. En fait, c’est un peu comme si l’histoire du personnage n’avait strictement aucune importance. C’est un reboot que diable, on en espérait plus ! C’est tout juste si il y a une référence à l’île sur laquelle Oliver a passé un peu de temps avant de porter le masque (même si le retour de ses origines sont prévus en single pour le numéro #17 de la série, avec Jeff Lemire aux commandes, ouf !).
Pareil, il y a ces personnages secondaires qui tiennent compagnie à Green Arrow par oreillette. En dehors du fait qu’ils sont « exploités » par l’entreprise et que ces fichues heures sup à couvrir leur boss sont mal payées, on n’apprend rien de bien folichon sur eux, pire encore, on s’en fout. Tout comme de cette histoire de fond avec l’un des directeurs de l’entreprise qui essaie de chasser Queen de son propre terrain. L’idée est là, mais ça n’évolue pas, ou peu. On finit par oublier.
Pour le reste, on se retrouve avec des intrigues tout juste amusantes et finalement assez communes. Ça ne décolle jamais, à part deux trois flèches vertes qui prennent la peine de voler un peu, et on retourne à l’ennui. Ce premier tome comprend deux arcs. Le premier suit donc cette bande d’ados déjantés, menés par un certain Rush qui décide de frapper un grand coup en filmant leurs « exploits » et en les balançant sur le net. Green Arrow va faire des millions de vues sur Youtube en les remettant à leur place, fin de l’histoire.
Le second arc est, selon moi, le plus intéressant. Il y a ce nouvel ennemi torturé (allons bon…), Midas, qui donne le titre au bouquin (et dont les origines sont d’un classique à faire peur; c’est fou le nombre de types qui jouent trop avec les produits chimiques et se retrouvent défigurés et/ou avec des super-pouvoirs) qui forme un duo étonnant avec une certaine Blood Rose qui en veut personnellement à Oliver Queen sans qu’on en sache vraiment la raison (et je vous assure, vous ne voulez pas la savoir tellement elle semble stupide, la raison). Mais pareil, ça s’arrête quand ça devient intéressant… On pose des questions, on lève l’idée qu’on reverra ces vilains et que ça va cogner, puis pouf, fin du tome. Et non, il n’est toujours pas question de leur retour, et si vous voulez mon avis, on peut s’asseoir dessus vu que les auteurs changent déjà au deuxième tome ! Dans le genre « histoire qui ne sert à rien et ne verra jamais de suite », ça se tient là.
Les dessins de Dan Jurgens sont corrects. On notera cependant quelques irrégularités puisque c’est pas toujours les mêmes mecs qui font les finitions. On a notamment du George Pérez qui passe par là. Autant dire que graphiquement, le titre fleure bon les années 90. Ce n’est pas pour me déplaire, mais ce n’est pas ça qui sauvera la barque du naufrage !
Vous constaterez aussi le rajeunissement graphique de Oliver Queen. Fini le bouc et les moustaches. Tout ça en même temps que le passé et la bonne caractérisation du personnage. Je suis pas contre l’idée de rebooter un héros, même un qui a de la bouteille comme Green Arrow. Mais j’attends à ce qu’on fasse un peu d’effort aussi bien sur son background que visuellement. Ici, le personnage perd à mon sens une partie de son charisme, et pas seulement à cause de sa pilosité. Il est juste devenu un peu trop passe partout. Mais vous me direz, ça a au moins l’avantage de coller un peu plus avec la nouvelle série de la CW. Comme si c’était fait exprès. C’est amusant ça tiens…
Dommage… J’aimais bien Green Arrow. Il proposait une alternative un peu moins sombre à Batman. Mais là… C’est juste creux et cliché. Vivement Lemire sur le titre ! Même si je vais devoir engloutir le tome 2 et certainement le 3 avant de le voir arriver… Dans le genre histoire dispensable, ce titre se tient là. Passez votre chemin, vous ne perdrez rien au change !
Pour les quelques aventureux et autres collectionneurs comme moi, vous rirez sans doute deux minutes du ridicule de certaines situations, ou vous vous ébahirez deux minutes devant les prouesses de l’archer, si vous ne les connaissiez pas encore. Mais c’est à peu près tout !