The Nice House on the Lake – Cycle 1 est une œuvre intrigante, mais aussi dérangeante, qui combine habilement mystère et horreur. Je tourne au tous de ce comics depuis quelques année et j'ai profité de la fin du cycle 1, pour acheter l'intégrale en noir et blanc qui est du plus bel effet!
Le scénario, entraîne un groupe d'amis dans une maison magnifique au bord d'un lac, où leur séjour idyllique tourne rapidement au cauchemar. Ce qui fait la force de ce premier cycle, c'est la manière dont il arrive à te garder en haleine, en distillant peu à peu des éléments d'intrigue, avec une atmosphère de plus en plus oppressante.
Le groupe est invité par Walter, un ami un peu étrange que certains connaissent depuis longtemps, et qui leur promet une semaine de détente. Mais très vite, ils découvrent que quelque chose cloche profondément dans le reste du monde et ils se retrouvent malgré eux, coincé dans cette maison.
Ce qui démarre comme une banale réunion entre amis devient un huis clos angoissant, entre panique et résignation.
Ce qui impressionne dans The Nice House on the Lake, c’est la gestion des points de vue. Chaque chapitre met en avant un personnage différent, révélant ainsi des bribes d’information sur ce qui se passe réellement.
On suit toujours le même schéma, un gros flash forward très alarmant qui introduit le chapitre en une page, puis une double page de flash back, pour revenir sur l'intrigue du présent.
Cette approche narrative rend la lecture captivante tout en permettant de mieux comprendre les réactions de chaque protagoniste face à la perte de leurs repères. On peut voir des personnages sombrer dans le désespoir, tandis que d'autres tentent de garder une apparence de normalité.
Visuellement, le travail d’Álvaro Martínez Bueno est sublime. Son style hyperréaliste met en valeur l’ambiance étrange et surnaturelle qui plane sur la maison et ses environs. Ses illustrations plongent le lecteur dans un univers où le malaise est omniprésent. Les jeux d’ombres et les détails minutieux, notamment dans les visages des personnages, participent grandement à cette sensation d’inconfort qui ne quitte jamais l’histoire.
Un autre point fort de cette BD est l’usage des couleurs par Jordie Bellaire.
Car en grand amoureux du noir et blanc, j'ai été tellement fasciné par ce travail des valeurs de gris, arrivant à retranscrire des types d'éclairages bien complexes... J'ai dû feuilleter la version couleur, pour m'en faire un avis.
Les scènes importantes sont renforcées par des couleurs vives et tranchées : des rouges intenses lors des moments de tension ou des révélations choquantes, des bleus glacials pour souligner l'ambiance oppressante.
Ce travail de la couleur n'est pas anodin, il contribue à créer un effet visuel qui accentue la tension et rend certaines pages inoubliables.
Cependant, malgré tous ces points positifs, j'ai trouvé l’intrigue trop étirée.
Le mystère autour de la maison est dévoilé par petites touches, mais parfois cela peut donner l’impression que le rythme se ralentit trop. Cette approche lente et méthodique est aussi ce qui fait la force du récit, car elle maintient une tension constante.
Il n'empêche que le scénario m'a dérangé sur bien des aspects, qui pourraient clairement entacher la lectures de beaucoup d'entre vous.
On nous présente 10 personnes, quasi interchangeable, qui n'ont soit pas assez le temps de se développer, soit qui n'ont rien de spécial à raconter. C'est beaucoup trop et j'en suis venu à me dire que le 3/4 du temps je ne savais pas quel personnage été en train de dialoguer.
Bien entendu, le personnage de Walter est une sorte d'antagoniste très touchant et il crève les pages par ça seule présence, graphique et émotionnelle. Puis... On en retient deux ou trois autres, sans plus.
Pour ce qui est du final...
Il prouve à lui seul que le récit s'étire beaucoup trop. J'avais peur d'arriver à une conclusion malheureusement que j'ai bien trop souvent avec les comics, le sentiment de "tout ça pour ça?".
On est sur ce genre de registre pour le coup (attention paragraphe spoiler):
Toutes ces pages n'étaient donc qu'une intro, pour un deuxième cycle, dont on a quelques bribes sur les flashforward? Je trouve que ça fini en queue de poisson... Et aussi intrigante puisse être ces passages, ils ne le sont pas assez, eux et leurs personnages si vide pour me donner envi de connaitre la suite de leurs aventure.
The Nice House on the Lake est une BD qui marie parfaitement horreur et mystère, avec un visuel époustouflant et une narration qui sait jouer avec la psychologie de ses personnages. Ce premier cycle est une bonne pioche, si vous aimez les récits angoissants, bien construits, et qui ne dévoilent leurs secrets qu’au compte-gouttes.
Pour ma part, j'ai adoré découvrir cet univers, mais je me contenterai clairement du premier cycle. Car même si le personnage de Walter est génial, les autres sont à des années lumières d'être aussi intéressant, sans parler de ce final qui m'a laissé sur ma faim.