Et donc, ça change quoi le "I" ?
La Justice League International, c'est une volonté désespéré de l'ONU de contrôler un peu ce que font les super-héros. La Justice League a quelques liens avec les autorités, mais ces liens ne sont pas non plus super intrusifs. Et autant vous dire que ça les ennui sévère, les autorités ! Quelle grande idée donc que de réunir sa propre équipe de super-héros outsiders, venant des quatre coins de la planète ! Ils sont bien sur sélectionné avec "soins" depuis une grille comportant les visages des plus grand héros de la Terre (je me demande encore ce que Plasic Man foutait dans la sélection), et tout ça bien sur, sans les consulter ou leur demander leur avis. Pourquoi faire ? Et quoi de mieux qu'un mec qui vient du futur, Booster Gold, et qui aime bien s'afficher dans des pubs pour des crèmes anti-hémoroïdes (ou des trucs du genre, j'extrapole peut-être un peu) pour être à la tête de l'équipe ? Nan sérieux, ces mecs du gouvernement sont des génies.
Et voilà cette nouvelle équipe formée et devant le fait accomplie, prête à répondre à l'appel du devoir. Leur première mission les embarque direct sur une confrontation avec un robot géant qui sort tout droit du centre de la Terre. Ouais, ça en jette dis comme ça. Bien sur, parce qu'il faut pas trop déconner non plus, Batman s'invite à la fête pour aider l'équipe à se mettre en place, faut voir à ce que ça parte pas trop en sucette non plus. Non, bien sur que l'ONU n'est pas au courant de sa présence, et puis quoi encore ?
La Justice League International, c'est un concept qui date un peu. Je vous renvoi direct vers la fin des années 80. La Justice League of America est en train de sombrer doucement dans les ventes, et il va falloir trouver moyen de relever le bazar de sa chute. Puis voilà qu'ils ont l'idée saugrenue de nous sortir de leur chapeau magique une équipe remplit de héros outsiders (en y mettant quand même en plus un Batman et un Martian Manhunter) et de donner un ton humoristique à la série. Pour ce que j'en sais, ça n'a pas mal marché puisqu'on s'est retrouvé avec une série qui a perduré et de nouveaux héros qui ont gardé leur statut de "star" pendant un long moment. On a eu ainsi une exposition d'un Booster Gold ou d'un Blue Beetle assez forte, et de nouveau personnage très important dans le DCU, comme Maxwell Lord. Cette league perdurera suffisamment longtemps, à travers quelques crises et autres grandes menaces pour nous mener jusqu'au Projet OMAC, au pétage de plomb de Lord et à la mort du second Blue Beetle, Ted Kord. Et plus récemment, nous avons vu une grande partie de cette équipe se réunir après les évènements de Blackest Night dans la maxi série Justice League: Generation Lost (aussi tie-in à Brightest Day) qui a donné une sorte de conclusion bien marquante à cette équipe dans l'ancienne continuité.
Ici, nouveau statut quo, la JLI telle qu'on la connu n'a pas existé dans cet univers et on repart de zéro. Malgré tout, cette BD a une bonne odeur de vieux avec un coté très action totalement assumé. Une galerie de personnage divers et variés qui se chamaillent, s'adorent, se bousculent... Pour peu qu'on se laisse prendre par ce côté bon enfant et très années 80, on est capable d'aimer cette série ! Par contre, la comparaison avec l'humour décadent de la série d'origine est un peu plus délicate. Et force est de constater que même si la forme est reluisante et sympathique, et que des personnages comme Booster Gold ou le Green Lantern Guy Gardner viennent apporter une touche décalé à l'ensemble, cela peine à briller. La comparaison étant bien évidemment inévitable pour tout ceux qui ont lu la série d'origine. Au delà de ça, pour les autres, et pour ceux qui savent dire un peu "merde" à leur nostalgie, il ne faut pas non plus enlever le côté fun de ce nouveau titre.
Nous avons une flopée de personnage amusant comme par exemple Godiva, dont le principal pouvoir et de bouger ses cheveux comme elle le souhaite... Oui c'est con... Ou Rocket Red, un russe en combinaison robotique (présent dans l'ancienne continuité) qui ne cesse de faire des blagues vaseuses et se mettre sur la tronche du chinois August General in Iron. Guy Gardner et son tempérament de feu qui ne supporte pas ne pas mener les opérations. Ice et Fire, qui adoucissent un peu l'équipe par leur légèreté et leur féminité. Les situations cocasses existent. Les méchants pourries sont aussi de la partie. Mais au final, c'est comme si Dan Jurgens n'allait pas assez loin. Il ne tombe pas dans le comique et la dérision comme DeMatteis et Giffen en leur temps, et un coté sérieux rebutant vient frapper toutes les deux pages pour laisser un peu tomber cette légèreté si plaisante. Surtout la fin qui nous explose littéralement au visage, nous laissant de surcroit sur un cliffhanger douloureux... et qui malgré tout, relève l'intérêt global de l'histoire. Mais au final, c'est un peu comme si le titre avait du mal à se positionner entre l'humour et le sérieux. Dommage. C'est un peu comme si la nostalgie finissait par l'emporter malgré tout.
Pourtant, j'ai encore envie de la défendre, cette JLI. D'une part, on a ce travail incroyable fait sur le personnage de Booster Gold, qui est en même temps une création de Jurgens, c'est un peu son bébé et ça serait complètement idiot de le foirer pour le coup. Et cette intervention de Batman, qui même si il est sans doute là pour faire gonfler les ventes, et loin d'être utilisé n'importe comment. On a ici un chevalier noir plus si noir et qui regagne un peu en humanité. Ca fait plaisir de voir un Bruce Wayne, qui sans sortir non plus des lignes directrices strictes de son personnage, arrive à mettre un peu d'eau dans son vin et à aider Booster Gold dans sa tâche ardue de mener cette nouvelle équipe. Oui, le titre a un peu le cul entre deux chaises, vacillant entre une histoire un peu "kitchouille" et drôle et à la fois sérieuse et moderne. Mais je ne peux m'empêcher de lui trouver un certain charme, de part quelques personnages qui savent ressortir du lot et peuvent nous surprendre. Qui aurait cru que j'apprécierais même cette Godiva qui va glisser ses cheveux dans le slip de Batman pour le bien commun ? Oui, je sais que ça vous parait improbable, mais c'est un peu aussi ça l'esprit du titre. Le reste de l'intrigue est commune. Le méchant vraiment très couillon et loin d'être aussi drôle que ceux dépeint dans la série des années 80-90, mais malgré tout, nous sommes présent avec cette équipe qui en bavent. Nous avons envie de les soutenir et de les supporter jusqu'au bout. Et la fin dramatique du premier tome ne fait qu'un peu plus nous impliquer avec ces personnages.
Aaron Lopresti (accompagné de Marco Castiello) fini de confirmer l'aspect eighties de la série avec des dessins portés sur l'action et les personnages. Quitte à parfois oublier un peu le décor. Ces traits sont malgré tout super jouissifs et pleins de dynamisme. Ça renforce le plaisir que l'on a à partager le destin de ces outsiders. Ils sont ici maître de la scène tout en étant victime des évènements. Toutes les cases sont centrées autour d'eux et renforce l'immersion. C'est brut, va a l'essentiel, mais avec beauté et précision.
Malgré ses imperfections, j'aime cette série. Elle ne connaîtra que deux tomes, dont le second sort ce mois-ci (janvier 2013), et c'est avec un peu de peine que j'ai reçu la nouvelle de l'annulation du titre, surtout que l'on ne sait pas trop ce qu'il va advenir de Booster Gold pour le moment. Mais c'est ainsi. Cela reste malgré tout une lecture importante pour la suite de l'univers des New 52, car son impact sera assez marquant. Bien que tout ça aura plus de poids quand je vous parlerez (bientôt) du tome 2. Et à mon sens, cette série n'a rien à envier à la série mère Justice League qui elle aussi, est bourrée de défauts. A part, à la limite, les doubles pages de Jim Lee... Si vous êtes curieux, n'hésitez pas une seconde ! Et si vous n'aimez pas, je vous autorise à m'envoyer des menaces de mort ! La série vaut bien que je prenne ce risque !