La Place Rouge était vide…”, chantait Bécaud. Vide. Comme le scénario de cet album, premier des aventures du célèbre reporter à houppette que l’on connaît tous.

Il faut dire que le jeune Hergé, 22 ans à l’époque, a écrit cette aventure au jour le jour. Où devrais-je dire, à la semaine (Le Petit Vingtième étant publié hebdomadairement). Totale improvisation donc. Et ça se sent. En même temps quand t’as rien préparé à l’avance et que tu mets ton personnage dans la merde une semaine sur deux, vas trouver des idées crédibles pour l’en sortir et le faire échapper à la mort la semaine d’après.

En témoignent de nombreuses situations absurdes et complètement barrées pour notre immortel Tintin, qui survit quand même à pas moins de trois accidents de la route, un crash d’avion, une attaque d’ours, et j’en passe…


De plus, Hergé n’imaginait pas embarquer par la suite son personnage dans d’autres aventures que celle-ci, ce qui explique la personnalité encore un peu brouillonne et paradoxale de Tintin, tantôt dépeint comme un jeune sot, tantôt comme un adulte sensé.

Sans parler de ses compétences en mécanique : le loustic va se révéler ingénieur en construction automobile et nous pondre un véhicule dans la minute avec un tas de ferraille (“Quel débrouillard, ce Tintin !”, dixit Milou). Ce même ingénieur qui va, quelques pages plus tard, enfiler son plus beau costume de stagiaire et démonter une bagnole de toutes pièces pour finalement constater une piètre crevaison (“Tintin, tu ne m’as pas l’air très fort en mécanique”, toujours le même).


Malgré tout, j'aime cet album. Outre la représentation de l’URSS (qui était l’objectif de cet ouvrage) peu approfondie, caricaturée pour certains, je prends toujours un plaisir enfantin à me replonger dans cette aventure, qui, pour pouvoir l’apprécier, ne doit pas trop être prise au sérieux.

Un album irrégulier, certes, mais un album rocambolesque, souvent drôle, qui file à cent à l’heure.

Un Tintin inédit, castagneur, insolent, punchlineur, qui botte des penalties et tombe des arbres à l’Opinel.


Une erreur de jeunesse, avouera l’auteur. Mais il faut une première fois à tout, on peut le pardonner. Un tour de chauffe, où l’on discerne déjà chez ce cher Georges un talent certain, qui ne va que s’amplifier par la suite, et régaler le gosse que j’étais de toutes les oeuvres qui suivront.



Bécaud avait Nathalie.

Moi, j’avais Tintin.


Mama-Rosa
7
Écrit par

Créée

le 28 janv. 2025

Critique lue 3 fois

Mama-Rosa

Écrit par

Critique lue 3 fois

D'autres avis sur Tintin au pays des Soviets - Les Aventures de Tintin, tome 1