J'aime beaucoup l'oeuvre de Jirô Taniguchi même si son opulence et sa diversité font qu'il difficile d'en connaitre toutes les facettes. Je découvre donc avec Tokyo Killers une facette que je ne connaissais pas du maitre avec un hommage appuyé pour les films noirs. Taniguchi est ici accompagné par un scénariste avec qui il a beaucoup travaillé durant la première partie de sa carrière, Natsuo Sekiwaka (Au temps de Botchan, Trouble is my business).
Tokyo Killers est composé de 5 histoires courtes où prime l'ambiance posée à la fois par le scénario et par le dessin. Le livre comporte pas mal de pages couleurs assez belles.
La première histoire est d'ailleurs entièrement en couleur. Sa narration est assez littéraire contrairement aux visuels sans bulles qui ont un aspect très cinématographique (comme dans tout le livre mais ici, c'est encore plus prononcé). L'histoire est classique et n'a pas de vraie fin mais l'expérience de lecture proposée est assez originale et intéressante.
Les histoires suivantes ont toutes une intrigue assez simple mais efficace porté avant tout par l'écriture des personnages et la mise en page cinématographique et intense de Taniguchi. Cela ne plaira pas à tout le monde mais l'ensemble est très sympathique et divertissant.
J'ai adoré le dessin de la dernière histoire tout en contraste avec de beaux aplats de noirs. Le rendu est très réussi et donne une expérience visuelle qui vaux le coup d'œil.
Attention, on est cependant dans une ambiance très "virile", les hommes sont baraqués et les femmes très sexualisées. Il faut passer outre pour profiter de la lecture qui se réfère sur des représentations sociétales vieillottes et sexistes comme pour beaucoup d'oeuvre qui ont un certains âge.
Tokyo Killers est donc un recueil sympathique même si loin d'être inoubliable. Un manga à remettre en contexte pour l'époque et qui semble t'il à eu une belle influence à sa sortie en 1986 (selon la postface). J'ai maintenant envie de découvrir "Trouble is my business". Tokyo Killers est un un manga qui nécessite avant tout de profiter de l'ambiance et de l'énergie qui se dégage des récits. À découvrir sans être une perle.