Avant. Avant c'était la fin des années 90, le début des années 2000. Et dès que je lisais un tome de n'importe quel album de Joann Sfar qui me tombait dans les mains, c'était un ravissement : que ce soit l'univers des Grand ou Petit Vampires, les Professeurs Bell, les Borgne Gauchet... on était toujours plongé dans un nouvel univers, ou on avait plaisir à retrouver des tête connus dans des aventures parfois décousues mais avec toujours une cohérence. Entre deux Donjon (je suis devenu un fan absolu de Donjon...) il m'arrivait de feuilleter ses carnets et même dans ces gros volumes remplis de ratures je trouvais toujours des tranches de vies marrantes ou des réflexions pertinentes.
Avec le temps (et le hiatus de Donjon) j'ai un peu perdu Sfar de vue... entre ses bds, ses livres, ses films... Et moi, j'avais envie de découvrir d'autres auteurs de bd... d'élargir mon horizon.
Aujourd'hui. Aujourd'hui, je suis tombé sur Tokyo à la bibliothèque des Champs Libres. Le tome était posé négligemment sur une des tables comme si quelqu'un l'avait feuilleté et n'avait pas eu le temps ou l'envie de le remettre dans les étagères. J'avais un peu de temps, je me suis installé dans un fauteuil et je l'ai lu.
C'était mauvais et si ça n'avait pas été du Sfar, je crois que je n'aurais pas été jusqu'au bout. Ce tome prend tout les mauvais côté de l'auteur (histoire décousue, dessins pas très travaillés, etc...) sans ajouter les bons. On sent que Sfar a décidé de s'offrir un "délire Pulp" en ajoutant des photos et en traitant d'un monde où tout le monde baise, se bat, boit et tuent sans tabou. Sauf qu'au fond, les mecs baisent et se battent mais sont mal dans leur peau face à des femmes libérées sexuellement (mais sapristi j'ai déjà lu ça quelque part... Ha oui, dans Grand Vampire... et dans Le Minuscule Mousquetaire.. et dans le Chat du Rabbin, et dans Donjon... et dans insérer une oeuvre de Sfar au hasard...) Sauf qu'au fond, les morts sont pas très intéressante quand les personnages ne sont carrément pas mort du tout en fait ! Sauf qu'il se passe des trucs parfois gore ou crade mais qu'on s'en fout parce qu'on y comprend pas grand chose et qu'on s'emmerde grave !
Le volume commence sur l'histoire d'une fille qui s'appelle Tokyo et qui est sexuellement libérée et ça fini sur un mec qui n'a plus de visage parce qu'il s'est fait punir pour ne pas avoir fait jouir une actrice porno et qui enchaine les rencontre avec des pin-ups détourées et collées dans les cases. Il y a tout un tas d'intrigues qui démarrent mais elles ne mènent à rien car le volume se termine sur un "a suivre dans le tome 2."
C'est ça, et mes couilles sur ton front, Joann ! Ça fait 10 ans que j'attends la suite du Minuscule Mousquetaire et on sait tous les deux, que si tu fais une suite à Tokyo, tu éludera complètement les trucs qui sont arrivés dans ce volume par des ellipses ou revers de la main parce que ça ne t'intéressait plus de raconter l'intrigue prévue ou que tu étais trop occupé sur une nouvelle bd, sur un projet de film, un livre ou une chanson.
Et on sait tous les deux que pendant des années on en avait rien à foutre que tes histoires se finissent ou non... mais au moins quand tu concluais une bd on avait l'impression que certains enjeux étaient réglés. Ou alors on avait l'impression d'avoir fait un bout de chemin avec de personnages agréables. Ou originaux. Bref, il s'était passé des choses. Ici, c'était juste bizarre et désagréable à lire.
Bref. Je sais même pas pourquoi je m'énerve. On est en 2016. Tokyo est sorti depuis 4 ans, tu as sans doute eu le temps de faire 15 bds, 5 carnets de croquis, 3 livres, 2 films et de monter une étagère et tu as sans doute complètement oublié cette bd. Inutile de t'en rappeler l'existence.
Normalement, j'aurai noté ce volume avec la note de "2", mais j'ai rajouté +1 parce que le détourage des pin-ups était propre.