J'aurais aimé plus d'Alan Moore.

Tom Strong #20-24: où Alan Moore prend un congé.
Mais avant de partir, il écrit une histoire en trois numéros. Un What-If où son père meurt avant de pouvoir le concevoir. Donc c'est un personnage très différent que l'on va suivre, un personnage qui se révélera "meilleur" que Tom Strong puisqu'il arrivera à détourner sa Némésis de sa mauvaise pente pour en faire son allié. Et de là, tout change. C'est très bien joué de la part de Moore d'utiliser le "Tom Strong n'utilise pas ses poings pour résoudre les problèmes" pour créer un personnage encore plus fort que lui sur ce point. Ce qui passait comme l'avantage décisif du personnage, son empathie, se voit donc amélioré et fait passer le héros comme moins efficace. Très bonne histoire avec des différences et des similitudes parfaitement utilisées. Le gros point noir, c'est Ordway pour la partie graphique. Il fait partie de ces dessinateurs objectivement pas mauvais que je n'aime pas du tout (avec Bagley et Guice).
Chris Sprouse revient pour les deux numéros suivants, scénarisés par Paul Hogan. Le premier m'a fait trop penser à celui sur les lava-men même si j'ai aimé le retour de Svletana et le "Pas deux fois". Le second voit le retour d'une ancienne flamme de Tom pour une histoire de vengeance qui se mange glacée. Ça ressemble beaucoup trop à une première partie d'une histoire à suivre pour être tout à fait satisfaisant. Sprouse est excellent.

Tom Strong #25-34: sans Alan Moore ni Chris Sprouse.
On commence par du Johns accompagné de John Paul Leon. Ça fait très bizarre de voir ce trait si sombre dans cette série. C'est la première fois que le dessin prend cette direction. Grande surprise, Johns écrit une histoire sur un fanboy qui veut rencontrer Tom Strong. Le twist est plutôt bon et capable d'être réutilisé.
Mark Schultz et Pascal Ferry proposent une histoire plutôt originale sur la portance de l'air. C'est bizarre et complètement n'importe quoi mais ça fonctionne très bien dans cet univers. Je me souviens plus particulièrement de Ferry sur Action Comics avec Joe Kelly. Il est peut-être un peu moins convaincant ici mais ça reste joli à regarder.
Steve Aylett et Shawn McManus présentent une adversaire rêveuse pour Tom Strong. Comme on voyage dans les rêves, ça permet à McManus d'être très cartoony. L'histoire est un peu confuse mais s'en tire finalement bien.
Brian K. Vaughan et Peter Snejbjerg plongent dans la psyché de Pneuman pour l'histoire la plus faiblarde. On a un flashback avec les parents de Tom qui ne fait que renforcer ce qu'on savait déjà puis l'adversaire de Strong ne fait aucun sens. Même dans la Doom Patrol de Morrison elle n'aurait pas été à sa place. Alors oui, le stratagème de Tom est amusant mais cette histoire n'est vraiment pas fameuse.
Pour terminer, Ed Brubaker et Duncan Fegredo font un alternate universe plutôt intéressant même si pas super original. La première partie est pulp à souhait et Fegredo y est impeccable. Les changements de styles finaux sont très bien trouvés, tout va bien. Il est moins bon pour la deuxième partie où pour une raison inconnue, il change encore de style là où il aurait dû revenir au premier. Toutefois, même si c'est un peu dommage, ça n'enlève rien au bon script de Brubaker.
Les #31 et 32 forment une histoire écrite par Michael Moorcock, ce qui ne cesse de m'ébahir. Je sais qu'il en a écrit d'autres (dont un Elric avec Walter Simonson aux dessins ou encore un Multiverse chez DC, toujours avec Simonson) mais ça me fait toujours bizarre. Malheureusement, il écrit une histoire de pirates, et c'est un des genres que j'aime le moins. Et pour ne rien arranger, c'est Jerry Ordway qui dessine. C'est un peu long pour ce que ça raconte parce qu'il y a une partie exploration où on suit les personnages dans des décors. A la surprise générale, le cœur de l'histoire concerne un albinos et une épée à la lame noire.
Le #33 est écrit par Joe Casey et dessiné par Ben Oliver. C'est le numéro le plus faible du lot scénaristiquement parlant. C'est L'aventure Intérieure avec un twist final qui est un peu trop mièvre.
Le #34 mélange la réalité de Tom Strong avec un livre de fiction et malheureusement, ça m'a fait penser à un épisode de Promethea qui, ô surprise, lui est nettement supérieur. Toutefois, le script de Steve Moore se lit avec plaisir bien que le dessin de Paul Gulacy est très moche par moments.

Tom Strong #35-36: j'aurais aimé plus d'Alan Moore.
Le #35 voit la conclusion du #24, toujours scénarisé par Paul Hogan et dessiné par Chris Sprouse. L'intrigue n'est pas super intéressante mais on s'amuse à regarder Tom Strong gérer ses sentiments envers le petit ami de sa fille.
Enfin, Moore et Sprouse mettent fin à la série dans un final qui réunit tous les personnages qu'on a croisé auparavant, ainsi que ceux des autres séries ABC*. Jose Villarrubia est aux couleurs pour avoir une cohérence graphique avec Promethea. C'est une fin sensible qui ne tranche pas avec les résolutions qu'on a vues tout au long de cette série.
Difficile de dire que cette série est moyenne mais on sent avec ces derniers numéros qu'elle n'a pas pu être tout à fait à la hauteur des projets de Moore. En elle-même elle est très bonne. Par rapport à ce qu'elle aurait pu être sans ce @$#& de rachat de Wildstorm par DC, on peut être frustré.

*moins La Ligue des Gentlemen Extraodinaires qui ne fait pas partie de cet ensemble.