Avec Tortillas pour les Dalton (1967), René Goscinny et Morris offrent une aventure dépaysante, hilarante et un brin épicée. Nos quatre frangins préférés franchissent la frontière mexicaine pour échapper à Lucky Luke, mais comme toujours, leur bêtise les rattrape plus vite qu’un cheval au galop. Résultat : un mélange savoureux de clichés mexicains, de gags absurdes et de baffes bien méritées.
L’histoire commence par une évasion classique des Dalton, mais cette fois, ils prennent la direction du Mexique pour tenter d’échapper à la justice américaine. Là-bas, ils rencontrent El Senor Espuelas, un chef de bande mexicain qui les accueille comme des héros… avant de réaliser qu’il héberge une bande de bras cassés. Lucky Luke, bien sûr, est à leurs trousses, mais cette fois, il doit composer avec les traditions locales et un sens de l’hospitalité qui tourne parfois à l’absurde.
Les Dalton sont au sommet de leur bêtise dans cet album. Joe, fidèle à lui-même, est un tyran irascible, mais son autorité s’érode rapidement face aux coutumes mexicaines et à l’enthousiasme maladroit d’Averell. Ce dernier, plus benêt que jamais, brille par ses réflexions absurdes sur les tortillas et son obsession pour la nourriture locale. William et Jack, comme d’habitude, suivent docilement, multipliant les gaffes avec une constance hilarante.
Lucky Luke, en revanche, est légèrement en retrait dans cet album, laissant le chaos des Dalton et des Mexicains occuper le devant de la scène. Son rôle est surtout de gérer la pagaille et de garder son sang-froid face à des situations de plus en plus rocambolesques. Ses interactions avec El Senor Espuelas et sa bande ajoutent une touche d’humour supplémentaire, grâce à des dialogues truffés de malentendus culturels.
Visuellement, Morris s’amuse à représenter le Mexique avec des paysages arides, des villages pittoresques, et des fêtes colorées. Les personnages mexicains, bien que caricaturaux, sont dépeints avec une certaine affection qui tempère les clichés. Les Dalton, avec leurs expressions exagérées et leur maladresse constante, restent les stars visuelles de l’album.
Narrativement, Tortillas pour les Dalton est rythmé par une succession de gags et de quiproquos, plus que par une intrigue centrale forte. Les dialogues de Goscinny, toujours savoureux, oscillent entre jeux de mots et clins d’œil aux stéréotypes mexicains, tout en restant légers et bon enfant. Si certains gags tombent un peu à plat ou se répètent, l’ensemble reste frais et divertissant.
Le principal attrait de l’album réside dans l’humour culturel et le décalage constant entre les Dalton, les Mexicains, et Lucky Luke. Les scènes de fiesta, les repas trop épicés pour Joe, et la naïveté d’Averell face à un monde qu’il ne comprend pas sont autant de moments mémorables qui donnent à l’histoire son ton unique.
En résumé, Tortillas pour les Dalton est une aventure légère et savoureuse, où Goscinny et Morris jouent avec les clichés et les traditions pour offrir un dépaysement comique. Bien que Lucky Luke soit un peu en retrait, les Dalton et leurs mésaventures mexicaines suffisent à porter l’histoire. Un western enchilada où les Dalton apprennent que, même avec des tortillas, la bêtise n’a pas de frontières.