Lectrice régulière de Quentin Zuttion, je suis à chaque nouvel ouvrage scotchée par sa capacité à nous plonger dans les psychologies et vécus complexes de ses personnages. Dans cette BD, Zuttion narre la résilience par l’escrime thérapeutique de trois femmes victimes de violences sexuelles.
Les entraînements se transforment en introspection, donc en combat intérieur pour conquérir sa propre confiance en soi, en autrui et son épanouissement.
Son dessin de la lumière est beau, éloquent et ses mises en scène par les symboles pertinentes.
Au fil de la lecture, j’étais avec elles, je ressentais les tensions puis la délivrance.
Ce nouvel ouvrage m’a - sans mauvais jeu de mot - touché, transporté.
En effet, il explore avec une simplicité juste leurs points de vue et épreuves avec un style graphique qui oscille du vaporeux, doux au contraste radical et ponctuel. Alors le rouge de la violence vient perturber le blanc du quotidien. On oscille aussi entre le blanc rassurant qui unit le groupe d’escrime et l’obscurité brouillée de l’intime. Ça renforce le rythme de lecture sans en faire des caisses et reflète la sensibilité des protagonistes. Corps et mental se mêlent continuellement et dialoguent autant dans le récit que dans les textures visuelles (marque de fabrique de l’auteur-illustrateur). Avec Touchées, Quentin Zuttion a trouvé une maturité graphique. Il parvient à raconter des sujets complexes par des moyens recherchés simples, tout en finesse.