Voilà une BD qui, sans être plus passionnante que ça, est très intéressante de par sa description assez équilibrée et objective de la vie sous l'Occupation et des attitudes variées qui ont pu être adoptées alors par les Français.

L'histoire se passe en 1943 non loin de la frontière suisse. Différents personnages interviennent : un maquisard communiste, un comte résistant réac (oui, il y a eu des résistants de droite, même si la majorité d'entre eux furent vichyssois ou collabos), une jeune fille juive, un fils d'épiciers « affameurs », un journaliste travaillant dans un journal vichyssois, sous la direction d'un patron collabo.

L'album comprend plein de références littéraires. Il permet surtout d'aborder de nombreux aspects importants de l'époque, en vrac : le culte de Pétain (affiches, « Maréchal nous voilà ») ; l'antisémitisme d'une partie de la population française ; la délation ; la collaboration, notamment de la part des journalistes qui ont des consignes très strictes quant au traitement des différents sujets, mais aussi de la part de la police française qui collabore activement avec la police allemande pour rafler des Juifs, ici des enfants, avant de les envoyer à Auschwitz ; le double jeu de certains ; la Résistance (avec des sabotages) ; la répression (fusillés) ; la faim (tickets de rationnement) ; le marché noir ; l'épuration (et ses excès ou échecs, avec des fusillés sans jugement). Un tableau pertinent de la vie sous l'Occupation et sur les attitudes adoptées par les uns et les autres. Sur une période où les choix étaient difficiles, ou beaucoup s'écrasèrent ou s'accommodèrent pour reprendre l'expression de Philippe Burrin, tandis que certains collaboraient ou dénonçaient, et d'autres au contraire résistaient. Une vision pertinente, qui n'est plus celles, dépassées, du mythe d'une France résistante ou au contraire d'une France complètement acquise à Pétain.

Une sombre et triste époque décrite à travers un dessin flamboyant et de belles couleurs qui ne suffisent pas à compenser un récit peu captivant malgré son intérêt documentaire.

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le 1 juil. 2011

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socrate

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