Ce tome 2 nous accroche avec la micro Michelangelo, où l’on suit la jeune Tortue en excursion sous la neige de New-York. Entre luge et recherche de jouets, ces quelques pages viennent à juste titre remettre l’accent sur l’adolescence de nos quatre ninjas, qui passe parfois au second plan vu les enjeux qu’ils doivent usuellement affronter. Cette histoire est bien plaisante, dans l’esprit charitable de Noël, avec un rythme soutenu servi par une course-poursuite aux scènes un peu invraisemblables mais dynamiques et fun à l’image de Michelangelo, donc on leur pardonne.
Les deux chapitres qui suivent et la micro-série Donatello, placée entre les deux, viennent enrichir la mythologie des Tortues en développant la magie dans cet univers et les capacités mystiques de Splinter. La narration et les graphismes sont fidèles à ce qu’on a pu voir dans le tome 1, voire on sent la progression l’Eastman et Laird avec l’expérience, mais ces trois histoires m’ont un peu laissé sur ma faim. Elles sont sympas à lire en soi, mais je m’attendais dans un tome 2 à commencer à voir un fil rouge se dessiner, à sentir une montée en puissance des enjeux, qui n’arrivent pas ici. Ceci étant dit, les notes des auteurs en fin de chapitre permettent de les recontextualiser, ce qui donne à mon sens notamment tout son intérêt à la micro-série Donatello en tant qu’hommage à Jack Kirby.
Puis arrive la micro-série Leonardo. Montée en puissance des enjeux, prise d’ampleur du scénario, construction sur plusieurs chapitres… on entre dans un arc phare de l’histoire des Tortues, qui démontre la maîtrise qu’ont acquis Eastman et Laird et l’ambition qu’ils comptent donner à leur série. Ils arrivent dans la micro à créer une ambiance et à faire monter la tension sans aucun texte, les seuls mots prononcés sont ceux d’April, Splinter et des frères qui se demandent où est Leo, tout passe dans le regarde et la posture. Autre chapitre, autre prouesse narrative : par un procédé assez habile selon moi, ils arrivent en une ou deux pages par personnage à nous dépeindre leur façon de gérer cette première crise, de digérer l’échec, de se reconstruire, sans lourdeur ou bulle de dialogue à rallonge. Cette micro et les deux chapitres qui suivent sont juste brillants. Et le fait que ces récits aient inspiré le premier film ne gâchent rien au plaisir.