La plus grande surprise de cette BD, c'est la façon de vivre des gays berlinois en 1932. Les personnes présentées sont pratiquement complètement out (pas au boulot, faut pas pousser) et tout le monde a l'air de se foutre comme une guigne des préférences sentimentales de son voisin. Comme ça occupe le bon premier tiers du récit, lorsque le changement s'opère, c'est brutal. Pourtant, l'auteur montre la montée de l'idéologie nazie, les signes avant coureur de la catastrophe, mais les personnages refusent de le voir d'autant plus que les S.A sont dirigés par un homosexuel notoire.
Le passage dans les camps est très bref. Après une présentation des brimades et des tortures subies, une page résume 5 années.
Le retour des camps n'est pas une délivrance, les homosexuels étant privés de leur statut de victimes et donc de leur droit à la reconnaissance et leur réparation.
On comprend mieux pourquoi le personnage principal est devenu un vieil homme désagréable, aigri et incapable de partager son histoire.