Nous l'avons appelé Jérémie, en souvenir de mon oncle Jérémie... Il était beau notre fils !... Chinook et moi vécûmes des jours merveilleux...




Apprentissage initiatique d'un enfant ou bien ruée intempestive vers l'or ? Il faut se décider !



"Buddy Longway", tome 3 : « Trois hommes sont passés », des éditions Le Lombard écrit et dessiné par Claude de Ribaupierre, dit "Derib", est une troisième aventure qui s'installe dans le même sens que les deux volumes précédents. Un western intimiste dans lequel on suit la rencontre entre un trappeur (Buddy Longway) et une squaw (Chinook). Après un premier tome qui mettait à l'honneur la rencontre amoureuse des deux individus. Un second tome où le couple se construisait un nid amoureux symbolisé par une cabane perdue dans le décor sauvage américain. Le troisième tome laisse place à une continuité logique avec la naissance d'un enfant.
« Je crois que les habitants de la montagne ont su en même temps que moi que notre fils était né...»
Un cheminement dramatique détaché du moindre subterfuge lorsqu'il s'agit de se concentrer sur le développement du couple, et que l'on pourrait simplement résumer comme étant « l'histoire de la vie ». Une conduite scénaristique bienvenue qui ici se trouve modulée dans un récit scindé en deux parties distinctes. Si la première partie est intelligemment gérée, la seconde bas sérieusement de l'aile. La première partie s'articule autour de l'arrivée du nouveau-né symbolisé par le petit métis "Jérémie". Sur une double page on assiste au développement du garçon sur une durée de 7 ans. Le récit prend véritablement forme lorsque Buddy abat un loup pour défendre Jérémie, laissant un louveteau orphelin qu'il va accueillir dans la fratrie.


Débute une belle histoire entre Jérémie et Petit-loup faite de complicité où les deux inséparables évoluent au gré des saisons qui défilent. Jusqu'au rappel de la vie avec un louveteau devenu loup qui prend son envol pour fonder sa propre famille avec une louve. Un abandon que ne comprend pas le jeune homme, qui larmoyant décrète : « Non ! Il n'a pas le droit !... Il n'y a que moi qu'il doit aimer !! ». Pour lutter contre son chagrin, ses parents décident de le changer d'air en l'emmenant dans la tribu Sioux où a grandi Chinook, dans les grandes plaines herbeuses. Là-bas, le grand chef "Ee-Ah-Sa-Pe" qui n'est autre que le grand-père de Jérémie, prépare avec son fils "Daim rapide", la grande chasse pour faire les réserves de l'hiver à venir. En ressort une petite vignette dédicacée mettant en avant une danse en l'honneur du Dieu créateur et unique "Wacondah" (Le Grand Esprit), pour qu'il favorise la grande chasse aux buffalos. S'ensuit une petite partie de chasse délectable jusqu'à l'arrivée des squaws qui s'occupent du dépeçage, sous les yeux attentifs de Jérémie. « Apprentissage initiatique », c'est ce qui résume cette première moitié de récit qui est savamment mis en forme via le regard inexpérimenté du garçon qui ne cesse d'apprendre. Si l'album se serait limité qu'à cela en développant davantage ce prisme éducatif par l'expérience difficile de la vie, il aurait pu être excellent.


La seconde partie débute lorsque la famille retourne vivre à la cabane familiale. Sur place, un trio de brigands chercheurs d'or composé du chef "Dallas", de Thomas, et de "Curly", armé d'une pétoire qualifiée de "moulin à poivre", a envahi les lieux. Ils prennent en otage Chinook et Jérémie pour obliger Buddy à exploiter un gisement d'or, ainsi qu'à chasser le gibier que la squaw doit cuisiner pour nourrir le trio. Une invasion accès sur la fièvre contaminatrice de l'or qui devient l'élément central du récit. Une seconde histoire qui n'a plus rien à voir avec la première, délaissant totalement le jeune homme qui jusque-là était au centre du récit. À partir de là, tout va trop vite ! L'intrigue principale autour des trois assaillants, de même que le calvaire normalement vécu par Chinook et Jérémie, est entièrement survolée. Il se passe des semaines de déboires et pourtant on a droit qu'à quelques vignettes pour illustrer ce nouveau périple auquel tente de répondre un Buddy beaucoup trop sommaire. Si bien, que le lecteur n'est jamais pleinement embarqué par ce nouveau danger. Une menace qui peine par manque de temps à poser un obstacle suffisamment exploité pour créer un semblant d'atmosphère et de tension. La faute a un album qui finalement contient en son sein deux albums différents que l'on mélange ensemble. Une association forcée à l'origine d'une conduite scénaristique dépouillée d'une stabilité narrative. Un choix regrettable pour les deux récits qui séparément sont bons (malgré des manques à combler), mais mélanger se retrouve bien trop affaibli. Si chacun aurait été développé à part ça aurait sonné beaucoup plus juste. Le final essaye de rattraper le tout en rattachant les wagons des deux récits pour n'en faire qu'un. Une tentative à moitié réussite qui à défaut de réellement crédibiliser le tout, promet cinq dernières pages mouvementées.



CONCLUSION :



Avec "Buddy Longway", tome 3 : « Trois hommes sont passés », Claude de Ribaupierre, dit "Derib", propose une aventure instable qui souffre de posséder en un album deux albums différents que l'on mélange pour créer un seul périple discordant. Une proposition étrange qui vient perdre le lecteur qui se trouve bien embêté puisque les différents éléments abordés sont intéressants mais malheureusement beaucoup trop survolés. En définitive, du très bon mal englobé amenant du moins bon.


Très partagé ! Un 5 me semble logique, seulement ça me semble tout autant insuffisant pour les qualités présentes, mais qui sont freinées par les défauts.... Dur, dur... Allez va pour un 6 !



Disparaît avec cet or maudit !... Et ne reviens jamais ici ! !


B_Jérémy
6
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le 12 janv. 2023

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