Typhoid Mary - Daredevil Legends, tome 4 par arnonaud

Je me suis essayé au Daredevil d'Ann Nocenti qui a sa petite réputation en lisant l'équivalent de ce TPB VO sur Marvel Unlimited. Donc ce que j'ai lu c'est l'arc Typhoid Mary (Daredevil #253-257 + #259-263) et le #265 qui est un tie-in supplémentaire à Inferno qui n'apporte pas grand chose (et qui, à juste raison, n'est pas dans le TPB).
A savoir que Panini, pour la VF, n'a pour l'instant pas réédité le run de Nocenti en librairie, et personne ne sait si ils ont l'intention de le faire un jour. D'ailleurs, je ne crois pas que le run de Nocenti soit disponible en intégralité en TPB VO (mais je me trompe peut-être ?)

Bref, qu'est-ce que ça vaut, Ann Nocenti et John Romita Jr. sur Daredevil, en 1988-89 ? Et bien c'est très bien. Ce qui est amusant c'est de voir que l'ombre de l'arc Born Again de Miller et Mazzucchelli (de 86 pourtant, si je ne me trompe pas) plane encore très nettement sur la série et que ces épisodes se situe un peu en conséquence de cet arc mythique.

Et c'est justement ça qui est intéressant, puisque à la fin de Born Again, Daredevil est de retour, plus vaillant et héroïque que jamais, il n'exerce plus en temps qu'avocat et il est maqué avec Karen Page, du coup ça engendre une dynamique différente de Born Again et de celle habituelle (si jamais il y en a une), avec un Daredevil positif, plus dans la rue que jamais, qui fait à fond dans le social, et où Karen Page a un rôle très important (comme les gamins dans la rue).

Alors, certes, le génial Caïd veut encore détruire Daredevil, le briser, mais il va essayer cette fois-ci un autre angle très intéressant, celui de ses amours et va la aussi pousser le héros dans des situations inédites et face à un adversaire inédit et redoutable, Typhoid Mary.

Pas besoin de tourner autour du pot, Typhoid Mary est bien entendue l'un des principaux attraits de cette saga, où elle joue un rôle conséquent en temps qu'antagoniste principale. C'est un personnage fascinant et ultra réussie, une méchante schizophrène complètement folle passant régulièrement de la douce Mary amoureuse de Matt Murdock à Typhoid, une assassine fiévreuse, bad-girl, au look complètement 80's, qui ne se laisse pas marché sur les pieds et joue à fond sur son côté rentre-dedans sexy et irrésistible. Elle est pleine de potentielle, elle est bien développée avec toute l'intrigue autour de sa schizophrénie, elle forme un super couple avec le Kingpin et surtout, elle met à mal Daredevil d'une manière redoutable, et pas forcément la manière dont on l'attendait...

Là est toute la trouvaille de Nocenti dans cet arc, la romance Mary-Murdock alors qu'il est toujours avec Page. C'est hyper bien fait, et Murdock se retrouve sans s'en rendre compte à tromper sa copine et à devoir gérer cette situation assez inédite pour un super-héros (inédite selon moi, je n'ai pas non plus lu 36000 comics...)... Quand en plus il trompe sa copine pour une schizo qui veut le tuer (ce que Murdock ne sait bien entendu pas à la base), c'est assez fou !

L'autre grande trouvaille de l'arc, c'est d'avoir poussé le côté social à fond. Daredevil et Murdock doivent faire face à des menaces comme les entreprises polluantes, l'informatisation, l'automatisation des lieux de production... Et en plus, on y parle aussi de ce que c'est de devenir aveugle, de la non-violence et de ce que représente les super-héros par rapport à ça, de la violence morale... Y a une tonne de thématiques intéressantes (même si certains les jugeront classiques, faciles ou amenées avec des gros sabots, ça dépend de la sensibilité de chacun vis à vis de ce genre de thématiques qu'on peut trouver bien-pensante) qui donnent une sacrée richesse aux épisodes et une dimension nouvelle à Daredevil, Murdock et son entourage, assez fascinante.

Le seul bémol scénaristique est cette écriture des numéros en one-shot en utilisant Typhoid Mary en fil-rouge. C'est pas non plus la saga de Korvac des avengers des années 70 où c'est du pur coq à l'âne avec des fils rouges qu'on oublie pendant 3 épisodes, y a une unité, mais elle est fragile. Et si ça permet une variété de thématiques intéressante, j'ai trouvé que parfois, ça bloquait un peu le récit, ça cassait un peu ça fluidité, ça l'alourdissait. Rien de bien gênant, toutefois, j'ai quand même grandement apprécié ma lecture, même si je trouve la fin un peu sèche avec une conclusion un peu mal-finie et notamment perturbée par le crossover Inferno qui se ramène en passant.

Niveau dessins, John Romita Jr. fait du très bon boulot. C'est pas Mazzucchelli, c'est clair, mais son style colle super bien à Daredevil et à l'univers urbain de la série. Les personnages ont des bonnes gueules, sont expressifs, sa Typhoid Mary est fascinante, les scènes d'actions sont super biens rendues, y a un bon découpage... Pas grand chose à redire, le style de JRjr. est vraiment hyper efficace. Mon impression est peut-être renforcée par le fait que j'avais déjà lu plus tôt dans l'année son Man Without Fear qu'il a fait quelques années plus tard avec Miller. D'ailleurs, les couleurs primaires flashy de ces vieux numéros de 88 collent bien mieux à son trait que la colorisation informatique débutante de The Man Without Fear qui était assez dégueu. Et même dans son trait, je trouve qu'il gère mieux ici ses hachures de texturage que sur The Man Without Fear où il en faisait peut être trop à ce niveau (et heureusement qu'il a définitivement arrêté ça aujourd'hui, car c'était un peu moyen).

Enfin bref, voilà, le Daredevil d'Ann Nocenti mérite clairement sa réputation, c'est du bon Daredevil (qui est définitivement un héros qui collectionne les grands runs, le petit veinard !), qui propose quelque chose de différent de Born Again tout en restant dans sa continuité. Avis aux fans du héros cornu !
arnonaud
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le 1 août 2014

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