Les X-Men de l'univers Ultimate ont donné lieu à quelque chose de très inégal : le premier volume, tantôt assez bon, tantôt à la limite du supportable, n'est pas en effet parmi les plus grandes réussites sur le sujet. Cette nouvelle série, qui fait partie du reboot large des séries après Ultimate Fallout et l'événement Death of Spider-Man, a pour elle d'être une tentative assez intéressante de se démarquer de ce qui a déjà été fait.
Kitty Pryde, aka Shadowcat, aka The Shroud, ancienne membre des X-Men et ancienne conquête et amie fidèle de Peter Parker, voit sa vie peu à peu se transformer en cauchemar : suite aux événements d'Ultimatum qui ont conduit la population à détester les mutants, y compris le révérend Stryker, devenu tête de file du mouvement anti-mutants appelant au génocide, la situation pour les mutants est devenue intenable. Elle empire encore lorsqu'un secret bien gardé éclate au grand jour : les mutants ne constituent pas une évolution spontanée de l'humanité, mais sont en réalité le fruit d'une expérience de super-soldats menée pendant la Seconde Guerre Mondiale, sous la forme d'une sorte de virus génétique qui transmet le fameux gène X. L'humanité, confrontée à une telle révélation, perd toute foi en son gouvernement et de nombreuses factions radicales éclosent, alors que le pays sombre dans la guerre civile. Très vite, les mutants sont traqués et parqués dans des camps de concentration... dans les meilleurs cas. Quant à Kitty Pryde, avec l'aide de ses amis Iceman, Jimmy Hudson (le fils de Wolverine) et Rogue, elle décide que la situation a trop duré et qu'elle mènerait le soulèvement de son peuple contre quiconque tenterait de les déchoir de leurs droits inaliénables...
Beaucoup de bonnes choses, et quelques moins bonnes choses. En particulier, je me sens obligé de pointer le bouleversement total du personnage de Kitty Pryde. Je sais qu'elle est censée avoir été marquée par les événements qu'elle a subis, mais tout de même. Déjà son identité de The Shroud semblait fort étrange, mais ici elle se change carrément en leader de la révolution, avec tous les stéréotypes associés : leadership, revendication identitaire, adaptabilité, compartimentage des émotions... Soudainement, Kitty Pryde sait mener une armée, employer les mots justes pour galvaniser son peuple, traiter avec les puissants, employer les médias comme armes. N'est-ce pas un peu exagéré ?
L'autre souci, selon moi, est dans le côté bien trop stéréotypé de cette intrigue. Tout est assez prévisible, au point que c'en est parfois franchement ennuyant. On tient un récit de résistant typique, sans pour autant que les méthodes employées ne soient vraiment claires. Trop souvent cette série sent la facilité.
Pour autant, ça aurait pu être bien pire. En effet, au début de la série, à plusieurs reprises on voit des personnages décédés revenir d'entre les morts... pour assez vite disparaitre, sans doute sous la pression de fans critiquant la facilité flagrante de tels procédés. Ces apparitions semblent d'ailleurs être mises sous le compte de Rogue, qui aurait des hallucinations, méthode un peu maladroite de noyer le poisson de toute évidence.
Hormis tous ces points... bah on tient une série qui essaie de sortir des sentiers battus en ce qui concerne les X-Men, et c'est déjà pas mal. Il y a en gros deux arcs scénaristiques d'importance, le premier dans un contexte de guerre totale et le second dans une tentative de vie en paix. Et les deux ont de bons arguments à faire valoir, malgré de temps à autres quelques facilités toujours et des choix étranges, à l'image du traitement du personnage de Psylocke dans la seconde partie.
Cette série est donc presque aussi frustrante qu'elle est intéressante, mais elle a le mérite de mettre les mutants sur la voie du changement, et donc de proposer quelque chose de nouveau par rapport à ce qu'on connait. Et c'est déjà pas mal.