Ultimate Fantastic Four est typiquement la série dont je n'attendais rien et qui m'a brutalement happée par les couilles pour ensuite retomber lamentablement à mi-chemin de la fin.
Faut-il vraiment présenter cette série ? Dans l'univers Ultimate, sorte de reboot de l'univers Marvel qui a coexisté pendant 10 ans avec l'univers classique, Reed Richards, Susan et Johnny Storm et Benjamin Grimm forment les Fantastic Four. C'est lors d'une expérience menée par Richards et Victor van Damme pour le compte d'un "think tank" de l'armée américaine que les quatre malheureux (cinq en comptant van Damme) vont se retrouver à jamais transformés par la N zone. Leur quotidien, autrefois fait uniquement de science théorique et expérimentale, comprend désormais en plus de cela de nombreuses rencontres étranges...
Donc comme je le disais en intro, j'ai franchement accroché aux 30 premiers volumes, que j'ai dévorés, ce à quoi je ne m'attendais pas du tout (déjà les FF c'est pas mes héros favoris de Marvel, mais en plus l'univers Ultimate est réputé pour la qualité totalement aléatoire de ses titres). Le postulat réaliste Ultimate est respecté, et les héros passent plus de temps à négocier (avec le général Ross ou le père Storm, superviseur scientifique du quatuor), réfléchir (aux implications de leur transformation, le pourquoi du comment, à des moyens de ne plus dépendre de l'armée, etc.) et élaborer (tout un tas de nouvelles technologies qui sont souvent intégrées de façon cohérente et pas jetée comme ça dans l'intrigue) qu'à se friter avec des êtres interdimensionnels, et ça bordel ça fait du bien. La série est grandement aidée par la plume de Bendis, qui a cette capacité à caractériser efficacement ses personnages sans en faire trop. Et puis après, presque d'un épisode à l'autre, tout bascule (une fois que l'arc zombie est clôturé je dirais). Les dessins semblent confiés à des seconds couteaux tellement ils deviennent approximatifs, le scénario s'envole dans du pur space opéra ultra kitsch et jamais contextualisé efficacement (c'est ainsi que les arcs qui introduisent Thanos ou le Silver Surfer regorgent de facilités scénaristiques et ressemblent à toutes les histoires lambda de mauvaise SF - la palme revient sans doute à l'histoire qui clôt le cycle Thanos et sa conclusion en particulier, qui voit Reed Richards réécrire purement et simplement la réalité toute entière pour faire oublier l'arc précédent mais néglige de régler les éventuels petits problèmes qu'un scientifique philanthrope a à coeur, comme la prévalence des forces militaires, les inégalités, la pauvreté, etc., et ce alors qu'il possède le deus ex machina le plus puissant de l'univers, dont il se débarrasse d'ailleurs par une pirouette scénaristique franchement débile)... Finalement on passe d'une série qui a posé sa crédibilité sur le soin du détail à un ramassis de clichés mal montés et jamais étayés.
Sans doute les bons auteurs du début n'ont-ils été placés là que pour fidéliser les lecteurs, et que la suite a été confiée à des tâcherons... En tout cas, c'est très décevant. Et moi qui m'apprêtais à recommander la série dans son ensemble, je ne peux décemment pas le faire, de même que donner une note globale vraiment bonne m'est impossible.
Donc, lisez les trente premiers, et partez du principe que la suite se passe dans un univers parallèle. C'est un peu ce que je commence à faire pour tout l'univers Ultimate, et je suppose qu'il existe quelque part une dimension parallèle où Marvel n'a pas saboté cet univers mais l'a porté aux nues par des efforts non pas ponctuels, mais soutenus... Malheureusement ce n'est pas avec ce Reed Richards qu'on la trouvera cette dimension fantastique.